jeudi 24 mai 2012

C'est déjà demain !

Un petit avant goût de la soirée Peeping Tom, demain, 19h, à l'atelier En Traits Libres, 2 rue du Bayle à Montpellier. Un, parmi la quarantaine d'extraits diffusés...


dimanche 20 mai 2012

Frissons pop


J'ai découvert Vierges pour le bourreau, un matin, lors du très regretté Cinéma de Quartier que Jean-Pierre Dionnet animait sur Canal Plus.
Durant tout le film, je n’arrêtais pas de me répéter que c'était nul, mais, une fois le générique fini, j'ai immédiatement regretté de ne pas l'avoir enregistré. C'était la dernière diffusion...
Une dizaine d'années plus tard Artus Films sort enfin Il boia scarlatto (Le bourreau écarlate, véritable titre original du film, qui s'est appelé aussi en France Filles pour le bourreau) et, à la revoyure, le plaisir est encore plus pervers !



Le bourreau
Les vierges
Vierges pour le bourreau vient donc rejoindre les premiers titres de la collection "Chefs d’œuvres du Gothique" qui commence à sérieusement s'étoffer chez notre éditeur préféré. Si l'histoire et les décors entrent en résonance directe avec les classiques du gothique italien (Le fondateur Masque du démon, mais aussi La Vierge de Nuremberg et L'Effroyable secret du docteur Hichcock dont on va vous reparler très bientôt), le film s'apparente aussi à un genre moins officiel qu'on pourrait qualifier de "Pop crime". Car même si l'action se déroule entièrement dans un château avec ses recoins secrets, sa chambre des tortures et son fantôme moyenâgeux, on est plus proche de l'esthétique lumineuse et bariolée de L'ïle de l'épouvante, le polar sadique et aguicheur de Mario Bava. Les personnages, une équipe qui s’incruste dans un château pour y mettre en scène un roman-photo d'horreur, dégagent  un parfum de superficialité branchée, renforcé par l'érotisme extrêmement soft (des filles en bikini, on aperçoit un téton pendant une fraction de seconde) mais bien présent sur les 83 minutes du métrage. Ajoutez à ça une bande-son qui s'éloigne des standards de l'horreur pour lorgner vers un groove moelleux et vous obtenez un film d'horreur enrobé dans un sucre d'orge. Même la fameuse "vierge de nuremberg", instrument de torture fétiche du gothique transalpin, est ici repeinte d'un bleu violacé du meilleur goût...
Mais l'atout majeur du film est bien son sadisme assumé qui lui permet de développer un éventail de sévices des plus réussis. Hanté par la mémoire d'un bourreau exécuté, le château devient le théâtre de mises en scènes cruelles et/ou criminelles, qui en appellent au voyeurisme du spectateur de façon très ludique. 
Certes, les acteurs jouent n'importe comment, les personnages sont caricaturaux et les situations jamais crédibles, mais très vite on se laisse prendre au jeu du chat et des souris prises au piège. L'imagination et la cruauté de l'homme étant sans limite, la combinaison des deux donne des résultats étonnants, comme cette pièce transformée en toile d'araignée géante qui fait passer Kho-lanta pour un jardin d'enfants.
La toile...

Et puis, il y a le maître de céans, hôte malgré lui, ermite agoraphobe et nihiliste incarné par Mickey Hargitay, (culturiste célèbre dans les années 50-60, qui passa du statut de "Monsieur Univers" à celui de "monsieur Jane Mansfield") tout en muscles et en regard vide, dans un rôle taillé pour son absence de talent. 
Massimo Pupillo ne fait certainement pas partie des grands réalisateurs du cinéma de genre italien, mais Vierges pour le bourreau est, malgré tout, un des grands moments de ce cinéma qu'on disait "de quartier" et qui se pointe aujourd'hui en DVD à votre porte.

Le DVD :
...et Mickey, avec son peignoir directement taillé dans les rideaux du château
La copie 35mm, le transfert et le son sont nickels, ce qui permet de profiter à fond des corps en sueur des jeunes femmes à peine vêtues ou, selon ses goûts, de la plastique parfaite de Mickey Hargitay, moulé dans un costume de bourreau rouge vif particulièrement seyant.
En bonus, Alain Petit, créateur du fanzine mythique Le Masque de la Méduse et spécialiste (entre autres) du cinéma de genre italien, apporte ses lumières sur le film, installé devant sa collection de DVD. Mais lui, il est tout habillé...



En même temps que Vierges pour le bourreau, Artus Films sort donc L'Effroyable secret du docteur Hichcock de Riccardo Freda et L'Orgie des vampires de Renato Polselli. A suivre donc...

mercredi 16 mai 2012

TGP à L'Absurde Séance


Rendez-vous mensuel des amateurs de cinéma de genre, voire carrément déviant, L'Absurde Séance fait régulièrement le plein à Utopia Montpellier (quartier Fac de lettres).
Jeudi 17 mai, 20h30, Tokyo Gore Police, japonaiserie complètement barrée de Yoshihiro Nishimura, vous vengera du soleil printanier.
Info ici

vendredi 11 mai 2012

Une revue "nouvelle" ?


En juin, devrait arriver dans les kiosques So Cinéma,  premier numéro. Le projet est lancé en collaboration par le magazine So Foot et les éditions Capricci qui annoncent une revue différente, de son temps et influencée par l'esprit de So Foot
On s'interrogera sur le choix de mettre Ricky Gervais, personnalité géniale qui a fait largement ses preuves à la télévision mais nettement moins au cinéma, en couverture de ce numéro 1. Mais bon, le communiqué de presse revendique un certain décalage et un peu d'air frais ne peut pas faire de mal à la vieille presse spécialisée.Pour se faire une idée plus précise, voici d'ailleurs un bout de ce communiqué :
Quand on sait que Louis Skorecki, roi du journalisme-nombril, fera partie des rédacteurs réguliers, et qu'on connait les petits bouquins branchouilles édités par Capricci, on peut craindre le pire. 
Le sommaire de ce premier numéro s'annonce cependant croquignolet avec, outre un entretien avec Ricky Gervais, un reportage sur le cinéma barré de Nollywood (Nigéria), le cinéma de gangsters vu par un gangster, un dossier sur Les Muppets... Et, comme on peut le lire ci-dessus, une analyse des films catastrophes par le gourou Raël (?!)
Reste à savoir qui va dépenser 4,50€ pour lire l'avis d'un raté de la variété, reconverti en Skippy L'Escroc, sur les films de Roland Emmerich.
Ah, une dernière info destinée à la personne qui a rédigé le communiqué de presse : l'expression "behind the scene" existe en français, ça se dit "dans les coulisses". Mais bon, ça fait so province...

mardi 1 mai 2012

The Strangler : le chaînon manquant


Mardi 2 mai 2012. Les dealers de DVD de bonne famille affichent sur leur devanture, en tête de gondole, dans leur vitrine, le DVD du film Le Tueur de Boston (The Strangler). S'ils ne le font pas, vous pouvez les rayer de votre liste ou, à la rigueur, leur demander s'ils n'ont pas eu un problème avec leur transporteur...
En 1963, quelques mois après l'arrestation d'Albert De Salvo, tueur et violeur en série ayant traumatisé l'Amérique du début des années 60 et dont les victimes se comptent par centaines, sort sur les écrans ce film, librement mais directement inspiré par ce terrible personnage. Depuis, Le Tueur de Boston a été largement occulté par L'étrangleur de Boston (1968), inspiré de la même affaire, réalisé par Richard Fleischer et interprété par Tony Curtis et Henry Fonda. On pourrait croire l'escamotage justifié au vu de la puissance toujours intacte du film de Fleischer, audacieux et dérangeant, à ranger parmi les très grands films du réalisateur de Soleil Vert. La découverte de ce Tueur de Boston, réalisé par un nettement plus anonyme Burt Topper (8 films, un seul sorti en France : celui-ci...) permet de réaliser une fois encore que l'histoire du cinéma est un réservoir inépuisable de trésors enfouis.
Pourtant, on sent très vire que le budget est un peu léger, notamment au niveau des décors plutôt "cheap", ce qui n'entrave jamais la montée en intensité du film. Faut dire qu'on est cueilli d'entrée par une ouverture d'anthologie : voyeurisme désuet, meurtre nerveux et déviance fétichiste, le défilé peut commencer.  Le tueur Léo Kroll est un chercheur laborantin, obèse mais charismatique, incarné par Victor Buono, magistral dans un des rares premiers rôles de sa longue carrière. Il respire autant l'intelligence que la perversion en évitant tout cabotinage superflu et réussit à rendre le personnage tout-à-fait fascinant.
Plutôt que de s'appesantir sur les qualités remarquables d'une mise en scène serrée mais efficace, on remarquera simplement que, très peu de temps après Psychose, Le Tueur de Boston évite l'explication psychanalytique qui rend la fin du classique d'Hitchcock un peu vieillotte, et choisit de montrer les faits plutôt que les expliquer : on suit le tueur avec sa mère, avec ses victimes, avec la femme qui touchera son cœur, interrogé par la police, au travail, chez lui... Si on est encore loin de Maniac de William Lustig, on est tout de même collé à ses basques, pour ne pas dire en empathie. A ce titre, le traitement du personnage de Léo Kroll rappelle par moment la façon dont Michael Powell nous rapprochait du Mark Lewis de Peeping Tom.
Oh, et puis... assez parlé : si le début du film (ci-dessous) ne vous donne pas envie de voir le film, je rends mon tablier !



Le DVD :
la copie 35 mm d'origine est pas mal rayée et mouchetée mais le transfert et le son sont de qualité très honorables. De toutes façons, le film est rare et indispensable...
En supplément, le spécialiste des tueurs en série Stéphane Bourgoin part du film pour évoquer dans les grandes largeurs la terrible histoire d'Albert De Salvo. Un exposé érudit, vif et plutôt effrayant qui déroule ses 38 minutes sans temps mort. Merci qui ? Merci Artus Films !

mardi 24 avril 2012

Un rétroviseur en or massif

L'objet est tombé un petit peu sans prévenir. Et il n'a pas encore fait tout le boucan qu'il devrait faire...
ROCKYRAMA n°1, énorme hybride de quelques 340 pages se situant dans une zone inconnue entre le livre, la revue de librairie et le fanzine de luxe. Un concentré de fétichisme, de l'aveu même de son rédacteur en chef, Johan Chiaramonte, porté par un amour déraisonné des années 80.
Pour avoir une idée de la culture mise en avant par l'équipe rédactionnelle, c'est très simple : il suffit de partir en page 290 et découvrir le top 10 des films de la décennie, établi et commenté par ce même rédac'chef  et Guillaume Baron, autre obsessionnel qui semble particulièrement impliqué dans la chose :


1 Piège de Cristal de John Mac Tiernan
2 L'Empire contre-attaque d'Irvin Kershner
3 Shining de Stanley Kubrick
4 Aliens, le retour de James Cameron
5 Blade Runner de Ridley Scott
6 Predator de John Mac Tiernan
7 Indiana Jones et le temple maudit de Steven Spielberg
8 Les Aventuriers de l'arche perdue de Steven Spielberg  
9 Terminator de James Cameron
10 Retour vers le futur de Robert Zemeckis

On l'aura compris au vu de cette liste : ce qui est célébré ici ce sont les années 80 de la testostérone, du merveilleux, du plein la gueule et de la pop culture. La revue de détail le confirme : ROCKYRAMA choisit la culture populaire. Tout l'underground, toute la contre-culture de l'époque est hors-sujet.


Une esthétique
D'emblée, avant de lire la première ligne, s'impose une évidence : la chose a de la gueule. La couverture assume le kitsch d'époque en mêlant le Stallone en cuir et lunettes de Cobra, le Kurt Russell version Plisken, l'incontournable De Lorean et deux ou trois autres marqueurs de la culture eighties.
Mais il faut vraiment ouvrir le volume (surtout si votre pourvoyeur de culture habituel le présente bêtement emballé dans un plastique transparent, à déchirer sans vergogne) pour se rendre compte du boulot exceptionnel fourni par les graphistes et maquettistes qui s'y sont attelés.
Photos de films de grandes tailles habilement retravaillées, graphismes colorés, originaux et soignés, et -idée géniale- une tripotée de publicités d'époques qui finissent par donner un charme fou et une cohérence inattendue : l'identité visuelle de ROCKYRAMA est son premier atout et réussit à célébrer une époque passée, tout en s'intégrant parfaitement dans le présent. C'est d'ailleurs un trait qui caractérise tout le volume.



Choix rédactionnels
Impossible ici de détailler les 40 articles qui font le sommaire gargantuesque de ROCKYRAMA, mais on peut distinguer quelques tendances. En gros, les articles se divisent en quatre catégories : 
- Ceux qui balayent une tendance, un style des années 80 à travers les objets qui le composent : la pop synthétique, la culture Métal, les films à sensations fortes, etc  
- Les portraits : John Hugues, Alan Moore et les Watchmen, Tom Cruise, Run DMC...
- Les interviews : Bob Gale, John Carpenter, Joel Silver...
- Les articles qui focalisent sur un film, un objet, une histoire : Le Superman II version Richard Donner qui n'est jamais sorti, Le survêtement Laser Adidas, Police Fédérale Los Angeles, ou encore l'accident de Michael Jackson sur le tournage du spot Pepsi  
Ces approches très variées amènent aussi des différences de styles et de niveaux de traitement. On sent d'emblée qu'on est loin de l'intellectualisation universitaire et plus proche de l'esprit fanzine, ce qui n'empêche pas, au contraire, quelques articles remarquables.
Le regard transversal de Jac sur "Les nouveaux barbares", qui part du Vietnam et arrive aux jouets Mattel pour mettre en perspective la décennie des biscottos turgescents est un régal. Très touchante aussi la défense de la musique Métal envers et contre tous par Guillaume Baron, même si on peut regretter un sempiternel et anachronique règlement de comptes avec le mouvement Punk.
Les pointures pointent !  Jérome Wybon fait ce qu'il fait de mieux : du Jérôme Wybon (oui, le Superman II sorti des oubliettes c'est lui) et Stéphane Moïssakis s'échappe de Mad Movies pour un article impeccable sur Cobra, mais aussi, un papier plus surprenant sur Eddy Murphy et son spectacle de stand up édité à l'époque en VHS.
Les interviews s'avèrent toutes passionnantes, avec une réserve sur celle de maître John Carpenter que nous n'avons pas lu pour raison technique (Seul dérapage sur les 340 pages : l'impression en bleu clair sur fond bleu foncé qui rend la lecture épuisante), mais aussi deux mentions particulières :
- Jack Hues, membre de Wang Chung qui composa entre autres la B.O. de Police Fédérale Los Angeles (To Live and die in L.A.). Parce que très peu de gens en France connaissent cette pierre angulaire des années 80
- Bob Gale, producteur (entre autres) de Retour vers le Futur, pour l’honnêteté et la pertinence de ses réponses.


ROCKYRAMA n'aurait pas pu exister dans les années 80
Avec la même subjectivité que l'équipe rédactionnelle, nous accorderons la palme à deux articles vraiment jouissifs :
Dans VHS after all ! Jac (encore lui) ne se contente pas de raviver la nostalgie des bandes magnétiques et de leurs jaquettes qui faisaient passer la pire daube pour le chef-d’œuvre de l'année. Il réussit, en 2 pages, à pointer ce qui s'est perdu en 30 ans de progrès techniques qui ont rendu tout disponible, à savoir : le désir.
Mais l'article le plus étonnant reste ce récit retrouvé d'une interview avortée de Menahem Golan (directeur avec son compère Globus de la Cannon, maison de production grande pourvoyeuse de films musclés et décérébrés des années 80.) Un trip intello-gonzo, narré à la première personne par un journaliste spécialiste du cinéma japonais qui ne sait ni ce qu'il fait là, ni comment s'en sortir. Ce reportage inédit, qui témoigne 30 ans plus tard de l'incompréhension totale qui séparait la critique et le cinéma d'exploitation, s'avère avec le recul assez émouvant. Trop beau pour être vrai, en fait...
Bien sûr, tout n'est pas du même niveau et l'on nourrira quelques regrets (un article sur John Hugues, certes attachant, mais tellement amoureux de son sujet qu'il n'ose pas y mettre les doigts... Encore plus frustrant quand on partage ce sentiment pour le réalisateur de Breakfast Club, récemment disparu !) Mais, au fond, ça n'a pas grande importance. Si certains articles balayent larges, abusent des superlatifs et évitent de se salir les doigts, c'est d'une part assumé dès l'édito qui annonce la couleur, mais aussi parce que ROCKYRAMA doit autant à l'héritage des fanzines qu'à la logique des blogs, des forums, des micro-niches culturelles qui se développent un peu partout, à la réappropriation constante des objets culturels.
L'adjectif galvaudé de "culte" prend ici tout son sens : ROCKYRAMA n'est pas un ouvrage de sociologie critique mais bien une célébration rendue par une équipe de fanatiques. Ce qui en fait, comme je le disais plus haut, un objet paradoxal : tourné vers le passé mais indiscutablement d'aujourd'hui.
Il y a fort à parier qu'il sera "culte" demain...



ROCKYRAMA est publié par Black Book Editions.Il coûte un peu moins de 30€ ce qui fait beaucoup d'un coup mais s'avère plutôt honnête quand on détaille la qualité d'édition, le poids de la chose et son caractère vraiment exceptionnel.  
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jeudi 19 avril 2012

Cavale insolite

Au risque de se répéter (et de résonner avec ce qui se dit ailleurs, par exemple chez les amis de The End) Artus Films s'affirme comme un des plus passionnants éditeurs de DVD à l'heure actuelle, alliant  gout de la découverte, soin de l'emballage (jolis visuels et suppléments pertinents) avec une politique tarifaire exemplaire. 
En atteste l'arrivée dans leur catalogue d'une nouvelle rareté atypique du cinéma policier. La première partie de L'Evadée s'inscrit dans la grande tradition du film noir avec un personnage légèrement à la dérive, Chuck Scott (incarné par Robert Cummings, déjà à l'honneur dans la dernière livraison d'Artus Films, le film noir post Révolution Française Le Livre noir) qui se fait engager par Eddie Roman, un caïd de la pègre, démiurge et sadique (Steve Cochran, émérite second couteau du cinéma policier) et tombe amoureux de la femme de celui-ci (Michèle Morgan dans sa courte carrière hollywoodienne, étonnamment crédible). 
Le schéma est connu mais, déjà, certains détails mettent la puce à l'oreille sur la singularité de cette série B. La séquence de manucure du caïd Eddie est d'une violence stupéfiante, non seulement pour l'époque, mais paraît encore assez malsaine, tant elle tranche avec les codes du cinéma contemporain. Sa soif de pouvoir est soulignée par un gadget automobile assez amusant au départ et finalement déterminant dans l'originalité du scénario. Notons, aux côtés de Steve Cochran, la présence d'un Peter Lorre coincé dans son personnage de second, veule et maladif, qui rappelle immanquablement sa prestation dans Arsenic et vieilles dentelles, tourné deux ans plus tôt.



Mais c'est à partir de la fuite des amants que le film prend toute son originalité et se place définitivement à la marge du genre. Il serait dommage de raconter les circonvolutions du scénario adapté de William Irish par le prolifique Philip Yordan (entre autres, encore Le Livre Noir d'Anthony Mann, mais aussi le chef d’œuvre de Nicholas Ray Johnny Guitar), d'autant plus qu'une mise en scène classique mais habilement découpée en fait un voyage purement cinématographique. Disons qu'à l'instar d'En quatrième vitesse de Robert Aldrich ou de l'hallucinant Dementia de John Parker (disponible chez Bach Films), L'Evadée sort des codes traditionnels pour explorer des zones non balisées du genre et aboutir à un objet difficile à identifier. Ce sera d'ailleurs l'un des derniers films pour le cinéma d'Arthur Ripley, réalisateur mais aussi, selon les périodes, scénariste, producteur ou chef opérateur, ayant démarré sa carrière dans le cinéma muet pour la finir à la télévision à la fin des années 50. Il reste de la matière à découvrir...

Le DVD :
A partir d'une copie plutôt bien conservée, un master de bonne facture respectant les nuances du noir et blanc, même si la définition est parfois un peu juste. Comme d'habitude chez Artus Films, en plus du film, quelques suppléments bienvenus dont un regard éclairé sur le film par le spécialiste français des déviances criminelles en tous genres : Stéphane Bourgoin. A cela s'ajoute un court-métrage français contemporain, L'héroïne, plus un  diaporama d'affiches et de superbes photos d'exploitations colorisées dont on aurait aimé voir tirer une ou deux cartes postales. Mais on ne voudrait pas abuser non plus...  

L'Evadée fait partie de la nouvelle livraison d'Artus Films annoncée pour le 2 mai, avec Le Tueur de Boston dont nous vous reparlerons bientôt ici-même.


mercredi 18 avril 2012

Le Phantom peut-il mourir ?

 
William Finley (1942 - 2012)

















              



Filmographie sélective :
Woton's Wake (Brian de Palma, 1962)
Murder à la mod (Brian de Palma, 1968)
The Wedding Party (Brian de Palma, 1969)
Dionysus (Brian de Palma, 1970 )
Sœurs de sang (Brian de Palma, 1973)
Phantom of the Paradise (Brian de Palma, 1974)
Le Crocodile de la mort (Tobe Hooper, 1977)
Furie (Brian de Palma, 1978) 
Massacre dans le train fantôme (Tobe Hooper, 1981)
Marquis de Sade (Tobe Hooper, 1995)
Le Dahlia noir (Brian de Palma, 2006)


mardi 17 avril 2012

L'homme à la moustache

En déboulant l'année dernière avec un numéro consacré à la reine du cul "rigolo" à l'italienne, Edwige Fenech, le fanzine Toutes les couleurs du bis a frappé un grand coup : numéro épuisé quasiment dès sa parution et pluie d'éloges chez les curieux de tous poils. Conçu à l'ancienne, adoptant le principe simple mais efficace d'un film = une page, Toutes les couleurs du bis semble déjà avoir pris ses marques pour un bail longue durée dans la joyeuse nébuleuse du fanzinat,
Voici le numéro 2 avec du flingue et des moustaches : 66 pages consacrées au roi du "vigilante movie"*, à l'homme qui a passé toute la fin de sa carrière a venger le viol et/ou le massacre de sa femme et/ou de sa fille : Charles Bronson !
Bon, on exagère un peu, Bronson est aussi un des Sept mercenaires, le roi des tunnels dans La Grande évasion, le héros d'Il était une fois dans l'Ouest, le troisième larron dans Propriété interdite et (qui s'en souvient) Igor, l'assistant de Vincent Price dans L'Homme au masque de cire.
Pour en savoir plus, passez chez Sin'Art, éditeur de la chose qui sort officiellement lundi 23 avril.     

* Vigilante movie : film avec des types plus ou moins moustachus mais sévèrement flingués qui pallient les défaillances d'une justice jugée trop permissive en exécutant des salauds au rictus nerveux et au cheveu gras, sans passer par la case procès..

samedi 14 avril 2012

Précieux documents


Allez-donc jeter un œil sur Retronaut, site qui collecte des milliers de photos (et quelques vidéos) avec une très jolie profession de foi (Traduit littéralement : "Le passé est un pays étranger, ceci est votre passeport").
Tout cet archivage est classé par thèmes et semble obéir à des critères de choix intelligents (en gros les photos sont rares, insolites, pertinentes ou tout simplement belles).
Évidemment, si on en parle ici c'est que la partie cinéma est fournie et absolument réjouissante. On y trouve pêle-mêle la reconstitution stroboscopique des déplacements d'Alfred Hitchcock sur le tournage de L'Ombre d'un doute, une séance de casting d'actrice par Nicholson pour son film Drive He Said plutôt décontractée, le concours de la plus belle femme-singe (voir ci-dessus) ou d'émouvants polaroid de Blade Runner (voir ci-dessous).
Mais aussi les vidéos de William Castle en train de tenter d'effrayer les spectateurs par les procédés les plus machiavéliques, ou un étonnant jeu avec Blow-Up dans lequel un split screen montre en parallèle la séquence d'origine et des plans d'aujourd'hui sur les lieux où a été tourné l'original, avec les mêmes cadrages, angles de prise de vue et mouvement de caméra... Enfin allez-y voir par vous-même : vous comprendrez mieux !


mercredi 11 avril 2012

Les objets du culte (2)

La saga Star Wars a ses fans, ses geeks, ses maniaques, elle est à l'origine du développement du "merchandising" du cinéma (c'est à dire vendre le plus de produits dérivés possibles à partir d'un film à succès : photos, figurines, tee-shirts, mugs, jeux, etc).
L'un des premiers produits dérivés est le livre. Nous ne parlons pas ici des romans ou enquêtes qui ont inspiré le film, mais bien de l'inverse, de romans conçus à partir du film, qu'on appelle "novélisations".


Le premier intérêt de L'Empire contre-attaque, rédigé par Donald F. Glut et paru en France aux Presses de la Cité dans la collection Rouge et Or en 1980,.est qu'il témoigne d'une époque. Couverture cartonnée, format intermédiaire entre grand livre et livre de poche, la version romancée du film est sortie dans une collection pour enfants existant depuis 1947, rachetée par Nathan en 1991, et dont une grand partie du catalogue a aujourd'hui disparu.

"Luc Skywalker avait quitté la base rebelle depuis de longues heures et il commençait à ressentir le poids de la fatigue et de la solitude. Jusqu'à présent, les missions de reconnaissance n'avaient révélé la présence d'aucune forme de vie intelligente sur la planète de Hoth où l'Alliance avait établi son avant-poste. Situation réconfortante du point de vue de la sécurité, mais difficile à supporter pour les hommes qui, comme Luc, patrouillaient seuls, jour après jour, à travers le désert uniformément blanc.
- Et en plus, ce fichu monde n'est qu'un gigantesque congélateur, tenta de plaisanter le jeune homme."

Ce début annonce la couleur : pas de la grande littérature mais un honnête travail d'écriture à partir du synopsis dans lequel, par exemple, la pensée du personnage remplace les idées visuelles.Au passage il en profite pour faire des vannes, tout seul, dans le froid, ce qui accentue certainement le fameux "poids de la solitude" évoqué quelques lignes plus haut.
L'auteur de la novélisation, Donald F. Glut, est un cas un peu particulier du cinéma, un touche à tout, assez proche dans l'esprit du producteur-réalisateur de films à sensation William Castle, avec qui il a d'ailleurs collaboré.Lui est acteur-scénariste-réalisateur-producteur. Il est né en 1944 et sa dernière réalisation date de 2008. On lui doit une trentaine de films derrière la caméra, une quarantaine de scénarios et une cinquantaine de rôles devant. Presque tout est inédit en France. Dommage ! On aimerait voir à quoi ressemblent Frankenstein meets Dracula, The teenage Frankenstein, Dinosaur Destroyer ou encore Superman Vs. The Gorilla Gang... 

Cliquez pour agrandir l'image et voir le nom francisé des robots
A l'époque dans le film (et donc dans le roman qui sort dans la foulée) Luke Skywalker s'appelait Luc, Han solo, se prénommait Yan, Darth Vader était Dark Vador et, surtout, Chewbacca s'appelait Chiktabba... 
Le livre compte 206 pages, est illustré de 24 photos hors-texte, couleurs et noir et blanc, la traduction est soignée : un produit honnête et de bonne facture, ce qui est loin d'être le cas de la majorité des novélisations.



Rareté : le bouquin se trouve en fouinant aux puces ou chez les bouquinistes. Surles sites d'occasion, il coute entre 1 et 24 €. ATTENTION : la réédition au Fleuve Noir n'est pas illustrée, il y a juste le texte, c'est naze...