samedi 27 octobre 2012

Halloween avec Peeping Tom

Mercredi 31 octobre, à 21h30, au cinéma Nestor Burma, séance exceptionnelle du chef-d’œuvre de Narciso Ibanez Serrador : Les Révoltés de l'an 2 000 (alias Quien Puede Matar a un nino ou Los Ninos, ou encore Island of the Damned.)


Le film, projeté pour la première fois à Montpellier, a fait l'objet d'un article dans le numéro 0 de Peeping Tom et sera proposé au tarif unique de 5€. 
On sera là pour présenter la chose et bavarder ensuite avec les enfants de la nuit qui auront tenu le choc. 

vendredi 19 octobre 2012

Enfin !

Un petit mois de retard, mail il est là : voici quelques pages du Numéro 7 de Peeping Tom.
Par choix, nous sommes passés à une couverture non pelliculée que nous trouvons plus belle et qui devrait éviter certains gondolages des numéros précédents.
Pour le commander en ligne, aller à l'onglet Boutique.





























lundi 15 octobre 2012

Se mange froid

Voilà un titre tardif du gothique italien qui met en vedette une Barbara Steele saturée de cinéma d'horreur pour le conte d'une coproduction italo-américaine : à priori ça sent le produit commercial sans âme.
Sauf que, si le film est signé à l'époque par le producteur Ralph Zucker, il est en réalité la première réalisation de Massimo Pupillo (Vierges pour le bourreau) et le moins qu'on puisse dire est qu'il soigne son affaire, malgré son manque d’intérêt pour le genre que nous révèle Alain Petit dans l'indispensable bonus du dvd.
Le film de "vengeance d'outre-tombe" est quasiment un sous genre qu'on pourrait croire inventé pour Barbara Steele (Le Masque du démon, Les Amants d'outre-tombe, ce Cimetière des morts-vivants...) et qui a, en tous cas, pullulé dans le cinéma d'horreur italien. Il a l'avantage de se dérouler la plupart du temps dans un décor unique et de jouer sur une série de codes narratifs très efficaces, combinant avec plus ou moins de bonheur énigme policière et maison hantée.
Le scénario est ici particulièrement travaillé et, si l'histoire n'est pas d'une grande originalité, son point de départ accroche immédiatement le spectateur : un notaire est convoqué par le propriétaire d'une vieille demeure maudite pour finaliser son testament. Lorsqu'il arrive sur les lieux, il apprend que le maître des lieux... est mort depuis un an.
Le site américain de référence Imdb crédite l'histoire d'origine à Edgar Allan Poe, information erronée et démentie dans le bonus, mais qui s'explique peut-être par les scènes où l'on entend, en voix-off, le héros du film qui pense, effet qui rappelle le récit d'horreur à la première personne typique de Poe.


Ici, l'accent est mis sur les accessoires, quelques effets spéciaux et une bande sonore omniprésente pour faire grimper le suspense. Les portes grincent ou claquent, les horloges rythment bruyamment le temps, le tonnerre gronde, les arbres s'agitent et les statues portent les stigmates du mal qui rode. On trouve, derrière des vitrines, des cranes de squelettes, des bras momifiés, des cœurs dans du formol... Sans compter la menace de peste qui permettra, à terme, quelques maquillages purulents fort sympathiques.
Certes, la réalisation n'y va pas de main morte et l'insistance sur les effets sonores tourne parfois à la caricature. Mais, mine de rien, Le Cimetière des morts-vivants anticipe quelques idées du giallo (la comptine infantile chère à Dario Argento) et l'on pense même parfois à Evil Dead (la nature qui semble littéralement agresser la pauvre servante du château, et surtout la voix du mort sur le phonographe à rouleau, ancêtre du magnétophone possédé de Sam Raimi). 
Sur une réalisation beaucoup plus sérieuse et moins pop que celle de Vierges pour le bourreau, Pupillo joue quand-même la carte de l'érotisme en faisant tout son possible pour déshabiller ses deux actrices principales :  Barbara Steele, habilement immergée dans une baignoire, ou couvrant son amant dans une scène de lit, certes soft, mais durant laquelle elle se mord le bras avec sensualité. Quant à l'inconnue Mirella Maravidi, elle se laisse surprendre nue par le fantôme de son père (qui sera le seul à la voir, faut pas rêver non plus !) ou se change derrière un drap suggestif, après s'être vautrée dans la boue au bord du lac.  Bénéficiant d'un très beau noir et blanc signé Carlo Di Palma (chef op' de Blow-Up d'Antonioni et d'une tripotée de Woody Allen, quand-même !) et d'une bande originale tout en finesse d'Aldo Piga, Le Cimetière des Morts Vivants est un film certes daté, mais qui se découvre ou se revoit avec plaisir.
Barbara au bain

Mirella Maravidi enfile un soutien-gorge anachronique (l'action se déroule en 1911) mais sexy tout de même


Le DVD :
La copie et le master sont impeccables, le film bénéficie, en plus de sa v.o. obligatoire, d'une version française honorable. 
Artus Films a étoffé ses bonus de deux scènes supplémentaires issues de la version américaine du film, apparemment plus violente (on a même droit à un effet gore de chute de viscères plutôt inattendu) et moins explicative. 
C'est ce qu'explique l'intarissable Alain Petit, dont les anecdotes sur la mise en route du projet permettent de comprendre les logiques et les enjeux de la production d'époque. Mais ce sont vraiment ses apartés  à propos des aléas la carrière de Barbara Steele, d'un péplum fantastique ou d'un western jamais sorti en France, qui aiguisent l'appétit et laissent à penser qu'il reste encore beaucoup de cinéma de genre à aller ressusciter. A bon éditeur...

vendredi 5 octobre 2012

Gothiquissime















 
Pour d'évidentes raisons commerciales, le cinéma italien a imité dans les années 60-70 les genres les plus populaires du cinéma américain, et, dans le cas qui nous intéresse aujourd'hui, anglais. Au-delà des motivations pécuniaires, il y a quelque chose de fascinant à voir avec quel acharnement les réalisateurs reprennent les codes et tics des modèles et finissent par être plus vrais que les originaux.
Ainsi en va-t-il du gothique italien, calqué en partie sur les Frankenstein et Dracula de la Universal, mais surtout directement inspiré des premiers succès de la Hammer Films qui apporta à la fin des années 50 une dose de violence et d'érotisme au genre, sublimés par une réalisation fauchée mais habile. 

Mario Bava, Ricardo Freda (qui avait un peu anticipé la chose avec Les Vampires en 56) et une flopée d'autres, dont Camillo Mastrocinque, réalisateur touche-à-tout, en activité depuis les années 30.  
Nouveauté de saison chez Artus Films, La Crypte du vampire, sorti en 64, est une adaptation non avouée (certainement là aussi pour de basses raisons pécuniaires) de la magnifique nouvelle de Sheridan Le Fanu Carmilla. Ce texte, antérieur à Dracula de Bram Stoker, utilise le fantastique et le vampirisme pour évoquer une relation saphique aussi troublante qu'envoutante. Qualités que l'on retrouve dans le film qui laisse une grande place aux personnages féminins et à l’ambiguïté de leur relation. Comme dans la nouvelle, Laura, une jeune femme s'ennuie dans le château de son père. Elle est de plus assaillie d'effrayantes visions nocturnes, apparemment liées à une malédiction familiale.
L'attention que lui porte un jeune restaurateur de tableaux engagé par son père semble à peine l'éveiller de son apathie dépressive, lorsqu'un accident de calèche amène au château Ljuba, jeune fille fragile qui ramène immédiatement le sourire sur le visage de Laura. Aidé par un chef opérateur brillant, Mastrocinque s'applique à filmer les visages et les corps des personnages dans leurs déambulations nocturnes, leurs ballets amoureux, ou leurs échanges de regards suggestifs avec une grande intensité. Les jeux d'ombre et de lumière dans les décors somptueux du château et de ses alentours entérinent cette idée qu'un certain cinéma n'a aucun besoin de la couleur.


Et puis, le film est un catalogue copieux des spécificités gothiques : château massif, crypte cachée, éclairage aux chandelles, parchemins et tableaux mystérieux, déshabillés vaporeux, cris d'effrois, fenêtres qui claquent, morts qui se relèvent, ésotérisme symbolique, malédiction ancestrale, sorcier bossu et, caution ultime, Christopher Lee, transfuge de Dracula, ici dans le rôle du châtelain, pour une fois plus victime que personnage maléfique. 
La Crypte du vampire s'avère au final, bien plus qu'une copie de la Hammer , une des plus belles réussites d'un genre qui, sous les apparats de l'horreur laisse émerger une sensibilité terriblement romantique.


Le DVD :
La copie d'origine si elle n'est pas totalement parfaite, s'avère de très bonne qualité, et l'étalonnage restitue bien les subtilités de la photographie noir et blanc. Le son de la version originale connait quelques variations de niveaux, ce qui semble plus dû à l'alternance de prises directes (rarissime à l'époque dans le cinéma de genre italien) et de postsynchronisation sur le film d'origine, qu'à la compression numérique très correcte.
Côté bonus, on retrouve avec plaisir le passionné Alain Petit qui énumère les carrières du casting et de l'équipe de réalisation avec son érudition sans faille. Il semble cependant d'un enthousiasme modéré sur le film dont il évoque pourtant la belle carrière dans les salles françaises en terminant par ces mots : "C'est un film qui a été beaucoup vu et qui a surtout eu la chance d'avoir Christopher Lee au générique". Oui, certes, mais pas seulement...

Concours de robes de chambres entre José Campos et Christopher Lee