samedi 31 décembre 2011

La saison des bilans

Non, à Peeping Tom, on n'en fait pas des "best of" de l'année. On préfère prendre des résolutions (voir demain, ici-même).
Mais d'autres blogs, presque aussi intéressants que le notre, s’adonnent à la chose avec bonheur. La capture d'écran ci-dessous est tirée de J'irai verser du Nuoc-man sur vos tripes, recueil d'émois, d'idées et de critiques dont on pourra toujours discuter la teneur, mais dont le rédactionnel s'avère fort joliment troussé.


mardi 27 décembre 2011

La Saison des cadeaux



Les amis de Sin'Art annoncent l'arrivée sur leur site des numéros 8 et 9 du Fanzine Maniacs dont la version papier est épuisée depuis longtemps. Ils complètent ainsi l'intégrale d'une revue modeste et généreuse qui sévit depuis bientôt huit ans et qui assume son amour du sang et du sexe au cinéma.


C'est l'occasion de signaler (ou rappeler) que Sueurs Froides, le fanzine des créateurs de Sin'Art  fut le premier fanzine cinéma à proposer une version en PDF, disponible gratuitement. De cette initiative à la fois généreuse et innovante, vous pouvez toujours profiter puisque la collection complète des 35 numéros de Sueurs Froides est disponible sur le site, l'occasion de revisiter quelques treize années de regards croisés sur les aspects les plus déviants du cinéma de genre.  

Tous les fanzines disponibles en PDF sont à télécharger ici



jeudi 22 décembre 2011

Devil Not Dead

A coup sûr le site le plus complet et le plus régulier sur le cinéma de la peur, DevilDead totalise en 12 ans d'existence des milliers de chroniques. Véritable base de données du genre, alimentée par des rédacteurs sérieux et agréables à lire, le site ne se contente pas de donner un regard critique sur les films mais établit les spécificités des différentes éditions DVD en réussissant un équilibre difficile entre le sérieux du professionnel et l'enthousiasme contagieux de l'amateur. On y trouve également profusion d'images, d'affiches, de photos d'exploitation, mais aussi de passionnants dossiers (un exemple au hasard : une histoire fascinante de la mythique revue Midi Minuit Fantastique). DevilDead propose d'ailleurs un index des revues de cinéma consacrées à l'horreur et au fantastique avec les sommaires de chaque numéro... 
Bref : le site fait partie des indispensables, au même titre que Sin'Art, Nanarland ou Dvd Classik dans leurs catégories respectives. 

Malgré leur succès évident, et parce qu'ils refusent la publicité et s'accrochent à leur indépendance, les membres de l'équipe DevilDead annoncent une période un peu difficile en termes de financement du site. C'est le moment de les remercier pour ce travail exemplaire, que ce soit par un message de soutien, une contribution financière, voire (soyons fous !) les deux...

mardi 13 décembre 2011

Le sexe sort des ténèbres

L'année dernière, la renaissance du Fanzine Darkness produisait quelques 72 pages consacrées à la violence et la censure au cinéma. Le copieux magazine est de retour avec une couverture qui annonce "Sexe Cinéma Censure" dans un numéro de 120 pages. On y retrouve des rédacteurs du précédent mais aussi quelques nouveaux bienvenus Eric Peretti (Sueurs Froides) ou l'éternel Jean-Pierre Putters (combien de fois faudra-t-il vous le répéter : fondateur du mensuel Mad Movies, auteur des 3 volumes indispensables consacrés aux Craignos Monsters du cinéma, et rédacteur d'une interminable encyclopédie du fantastique qui développe depuis 5 ans la lettre D dans Mad Movies...) 
 

On en profite pour dire ici tout le bien qu'on a pensé d'Histoires du cinéma X par celles et ceux qui l'ont conçu, produit, interprété ou commenté. L'ouvrage de Jacques Zimmer part des films de cul clandestins du début du siècle et remonte jusqu'à la fin du porno en salle. Le récit s'avère passionnant à plus d'un titre puisqu'il évoque aussi bien l'aspect artistique que les questions commerciales, l'impact sociologique, les contraintes légales, l'évolution de l'amateurisme au professionnalisme. Mais il ne faudrait pas croire à un pensum théorique : bourré d'anecdotes et éclairé d'interviews de ceux qui ont vu ou fabriqué le porno français, l'ouvrage permet l'exploration excitante d'un monde inconnu ou méprisé qui semble, aujourd'hui, sortir des ténèbres quelques années après sa mort. Le porno français serait un zombie, mais un zombie plutôt bien en chair...



Darkness Fanzine est à la fois disponible et épuisé sur Sin'art
Histoires du cinéma X de jacques Zimmer est sorti aux éditions du Nouveau Monde et disponible dans toutes les vraies librairies, qu'elles soient physiques ou virtuelles.

lundi 5 décembre 2011

dimanche 4 décembre 2011

Disparition des pellicules

L'Apollonide de Bertrand Bonello, beauté plastique et anachronique du 35mm 
Le sujet est bateau, le propos l'est moins. En novembre, Les Cahiers du cinéma ont sorti un numéro passionnant* autour de la victoire annoncée (et presque achevée) du cinéma numérique sur le film pellicule. Le dossier est copieux (40 pages) et aborde la question du support sur toute la chaîne du cinéma, de la production au spectateur, du choix de caméra à l'exploitation en salles, en passant par les questions essentielles de l'étalonnage, des transferts éventuels, des supports de conservation des films, etc... Cette richesse d'approche est renforcée par la diversité des personnes interrogés : en majorité des professionnels directement aux prises avec les aléas de ces métamorphoses (chef op', étalonneurs, projectionnistes).
Bien entendu, certains propos restent discutables (Dès l'édito, Stéphane Delorme rapproche l'expérience de la projection numérique de la lecture sur écrans numériques ce qui est une aberration : dans le deuxième cas, la matière -les mots- est exactement la même sur le support papier et sur écran, alors que dans le cas du cinéma, la matière -l'image- n'est plus du tout de même nature) mais ce numéro a le mérite de pointer les profonds bouleversement d'une révolution qui transforme profondément le cinéma. 
La lecture de ce dossier s'avère d'autant plus utile que la plupart des spectateurs ne sentent pas passer le changement. Le numérique s'est imposé dans les salles avec une telle facilité qu'il a sidéré une bonne partie des professionnels : les consommateurs de cinéma en salle ne font souvent pas la différence entre pellicule 35 mm et projection 2K, voire ne se posent même pas la question...

Le numéro s'arrête ainsi aux portes d'un questionnement plus large sur la perception et la consommation du cinéma. Et laisse de côté l'évolution du spectateur qui, non seulement assimile instantanément cette évolution, mais change aussi sa manière de vivre une séance de film. Le paradoxe étant la volonté d'une technologie de plus en plus performante... qui s'éloigne de plus en plus de l'essence même du cinéma.
Pour résumer, et reprendre une idée déjà évoquée ici, revenons sur le contresens total que constitue le Blu-ray, par exemple, pour regarder des films qui n'ont pas été conçus pour le numérique : une image mieux définie et parfaitement lissée, annihilant le grain d'origine de l'image imprimée sur pellicule : une image "meilleure", mais qui n'a jamais existé dans le film originel.
Il ne s'agit évidemment pas de remettre en cause le progrès technologique, les avantages pratiques et les nouvelles possibilités des supports d'aujourd'hui, mais de réaliser qu'un bon siècle de cinéma est en train de s'achever pour laisser la place à un art hybride qui transforme aussi bien ceux qui le conçoivent que ceux qui le reçoivent, quasiment à leur insu. 

* Toujours en kiosque à l'heure où ces lignes sont rédigées, mais une photo de L'Apollonide... est préférable à l' hideuse couverture de ce numéro 672  des Cahiers du Cinéma.

dimanche 27 novembre 2011

Concours Grausam Rouge numéro 2




Le 14 décembre sortira le second numéro de Grausam Rouge, entièrement consacré au film HELLRAISER II, LES ÉCORCHÉS.
À cette occasion, Hantik Films organise du 30 novembre au 13 décembre un jeu dont l'objet est de gagner 10 exemplaires du premier numéro de Grausam Rouge.

Pour jouer, il suffit de répondre à ces deux questions :
Question 1 : À quel film est consacré le premier numéro de Grausam Rouge ?
Question 2 : À votre avis, combien de personnes vont participer au concours ?

Envoyez vos réponses à l'adresse contact@hantikfilms.com.
Parmi les bonnes réponses à la question n°1 seront retenues les 10 premières qui, pour la question n°2, se rapprocheront, en plus ou en moins, du chiffre total des participants.
Hantik Films préviendra les gagnants avant le 31 décembre par email.

dimanche 20 novembre 2011

TORSO célèbre Joe Dante


Tandis que le dernier John Landis sortait dans une relative indifférence (Cadavres à la pelle, sorti fin aout 2011), le fanzine TORSO préparait son numéro 8 dédié à Joe Dante, l'autre grand  dévoreur de genres du cinéma américain des années 80. L'actualité éditoriale consacrée au réalisateur est d'ailleurs largement plus prolixe que sa production cinématographique, au point mort depuis 2003 (Les Looney Tunes passent à l'action) si l'on excepte un film invisible (The Hole, 2009, inédit en France... et aux Etats-Unis), ses projets avortés et ses deux mémorables Masters of Horror
Les éditions Rouge Profond sortent ce mois de novembre Joe Dante, l'art du je(u), ouvrage cumulant analyse de l’œuvre et entretien avec le réalisateur. Point de concurrence ici puisque l'auteur du livre, Frank Lafond, offre au fanzine TORSO quelques pages consacrées à la participation de Joe Dante au projet enterré : The Greatest Show Ever.  Il n'est qu'un des nombreux collaborateurs d'un numéro auquel j'ai eu la joie d'apporter ma contribution et, qu'au mépris de toute déontologie, je vous recommande chaudement. La variété des approches, qui passe allègrement de l'étude analytique à quelques échappées revigorantes (un questionnement à la fois ludique et très révélateur sur le sketch de Dante pour la version cinéma de La Quatrième Dimension), permet une lecture en zigzag, un voyage au pays des Gremlins qui va du rire aux Hurlements sans crier gare. Le tout est accompagné d'une interview du réalisateur qui s'avère passionnante... et un peu déprimante : " Mon dernier film n'est même pas sorti aux Etats-Unis. J'ai vu que le nouveau John Carpenter n'est sorti qu'en VOD, et que le dernier Peter Weir repose sur une étagère depuis je ne sais  combien de temps, attendant d'être distribué. Alors bien sûr, j'ai des projets, plusieurs, mais l'un d'entre eux seulement trouvera-t-il des fonds ?"
En attendant ce retour hypothétique et pour combattre cette frustration cinématographique, un peu de lecture ne peut que faire du bien. 

mercredi 16 novembre 2011

Grausam Rouge... bientôt le 2


Entre fanzine, revue de luxe et objet de culte, revoici Grausam Rouge, la production papier de l'éditeur Hantik Films. Le principe est de célébrer un film par numéro. 
Le numéro 2, annoncé pour le 14 décembre, proposera 20 pages entièrement dédiées à Hellraiser II, les écorchés. Privilégiant au maximum les photos en haute définition, tout en couleurs, Grausam Rouge contient aussi du texte : une présentation du film et du contexte dans lequel il est sorti. Le rédactionnel est proposé en 5 langues (français, anglais, allemand, italien et espagnol).
Pour couronner le tout, à rebours de la tendance générale, les amis d'Hantik Films réussissent l'exploit de l'année : le prix de la revue a baissé depuis le premier numéro !!!



Pour plus d'infos et pour se procurer directement Grausam Rouge, ça se passe .




lundi 7 novembre 2011

Cannes en décembre

Pour la troisième année consécutive, les Rencontres Cinématographiques de Cannes accueillent Peeping Tom. Cette année, le thème de l'édition est "Le cinéma fait sa comédie".
Le jeudi 8 décembre 2011, deux films proposés par notre fanzine : Le Grand Bazar, choisi par notre spécialiste des Charlots, Julien Camy (voir dossier dans Peeping Tom numéro 1) et Top Secret !, la plus belle réussite des Z.A.Z.
Après la venue l'année dernière de Christian Philibert et Mohammed Metina, respectivement réalisateur et acteur principal de Travail d'Arabe, on espère d'autres surprises cette année...

Plus de rensignements sur les RCC ici.

vendredi 4 novembre 2011

Welcome to the videodrome


Enfin ! Après l'initiative bienveillante de la formidable équipe de La Caverne des Introuvables qui a extirpé des oubliettes plus de 60 numéros de L'Oeil du Cyclone, un des producteurs de l'émission a réagi et commence à mettre à son tour les belles heures de ce kaléidoscope visuel à disposition de tous en bonne qualité.
Ceux qui connaissent L’Oeil du cyclone n'ont pas besoin qu'on leur fasse l'article, ceux qui sont trop jeunes ou passés à côté, feraient bien d'aller découvrir un programme qui n'a connu aucun équivalent depuis, inventif, insolite et libre, démontrant que l'outil télé, employé avec l'imagination et l'appétit nécessaires, peut produire de bien belles choses.   

jeudi 3 novembre 2011

Dommage...


Ben non, Torso ne pourra pas fêter son nouveau numéro à Marseille, comme prévu. On le regrette sincèrement, d'autant plus qu'ils n'y sont pour rien, apparemment lâchés à la dernière minute par leurs hôtes...
Cela ne nous empêchera pas d'attendre avec impatience ce nouveau numéro consacré à Joe Dante, qui devrait arriver très, très bientôt.
A suivre, donc !

mercredi 2 novembre 2011

Affiches du cinéma français


Sans juger de la qualité des films, sortis en octobre 2011, à deux semaines d'intervalles, les similitudes entre ces deux affiches laissent songeur. 
À priori, elles sont dues à deux agences différentes et il est peu probable qu'une volonté de copier soit à l'origine de cette ressemblance. En revanche elles trahissent une certaine tendance actuelle du cinéma français : un cinéma qui filme des bureaux, des couloirs et des hommes en costard-cravate. Certains d'entre-eux ont des téléphones portables qu'ils ne lâchent jamais et sont suivis de fidèles collaborateurs, d'autres ont un sac à la main. Mais ils sont tous sérieux, voire graves, malgré la lumière qui leur arrive du côté droit. 
Cette austérité est renforcée par le lettrage sobre et massif du titre, par des polices de texte classiques, en noir, blanc ou gris, même si l'opportunité d'une sélection à Cannes amènera une touche dorée du meilleur goût.
Ces films racontent le pouvoir, l'entreprise, l'institution, la violence feutrée, la stratégie sociale, commerciale, politique... Ils ont un label (France Info ou France Inter) et, en beaucoup plus petit, une bonne vingtaine de "partenaires" qui ont probablement rendu possible leur financement. Parmi les sujets qu'ils traitent, les travers qu'ils dénoncent, ils montrent souvent, avec conviction, l'obsession de l'apparence et de la communication dans le monde d'aujourd'hui...
Est-il possible que cette troublante coïncidence d'affiches soit due, tout simplement,  à un manque d'imagination ?

samedi 29 octobre 2011

Deux pointures à la radio

Mardi 1er novembre à 17h, l'émission Culture Prohibée diffuse deux interviews de réalisateurs de cinéma fantastique de haut vol : George Romero qu'on ne présente plus, et Lucky McKee, qu'on présente encore mais ça ne va pas durer (May, l'épisode de Masters of Horror intitulé Liaison bestiale et, aujourd'hui, le très attendu The Woman récompensé de l'Octopus d'or ET du prix du public au dernier Festival de Strasbourg)
Ce sera audible ici mardi à 17h, puis en rediffusion le samedi à 10h et le dimanche à 23h et, plus tard, podcastable sur le site des Films de la Gorgone

vendredi 21 octobre 2011

Dinosaures en tous genres

Le coffret  Destination Mars constituait déjà une belle plongée au sein de toute une partie oubliée de la production cinématographique des années 50. Avec Les Dinosaures attaquent, Artus Films fait preuve d’un superbe travail éditorial en compilant un précieux matériau qui donne une idée assez complète de l’irruption des géants préhistoriques dans le cinéma de genre.
Quatre long métrages des années 50, quelques courts muets de Willis O’Brien (animateur génial des créatures du Monde perdu, 1925 et de King Kong, 1933), auxquels il faut ajouter bandes-annonces, diaporamas des affiches d’époque,  le coffret est complété par un livret qui balaye avec humour la carrière des dinos au cinéma, des origines aux années 60, et quatre belles cartes postales reproduisant affiches et photos d’exploitation : le menu est roboratif.
La qualité des films est évidemment à juger avec un certain recul. Leur intérêt réside avant tout dans le fait qu’ils témoignent d’un cinéma disparu, daté, parfois maladroit, voire complètement aberrant, mais aussi inventif et sans complexe, osant les séquences les plus incongrues sans se départir d’un certaine foi dans le pouvoir du cinéma.
Le premier constat est que la créature préhistorique abolit les genres : science-fiction  (King Dinosaur), film de jungle (Lost Continent), mais aussi, plus surprenant, un film de pirates (Two Lost Worlds) et même un western (The Beast of Hollow Mountain). On sent bien l’inspiration de producteurs, prêts à tout pour rassembler les publics des différents genres avec ces séries B caractéristiques. Productions relativement modestes (Le plus riche étant The Beast of Hollow Mountain, en couleurs et en cinémascope !), durées réduites (de 58 min à 80 minutes pour Lost Continent qui s’avère effectivement un peu longuet…) les films ne présentent pas de stars, les effets spéciaux sont sommaires et le manque d’argent se voit à l’écran.
Il ne faudrait pas pour autant négliger l’imagination et le charme qui compensent ces handicaps.  Dans ce coffret, la palme revient à Two Lost Worlds. Démarrant en trombe sur une attaque de pirates bien orchestrée, le film suit les aventures de Kirk Hamilton, blond et baraqué mais blessé, qui prend quelques jours de repos dans un village australien. Là, il joue les jolis cœurs, séduit les filles et agace les hommes, avant de voir ses soupirantes enlevées par un retour de pirates. Après une poursuite mouvementée, le film tourne à la robinsonnade sur une île fort inhospitalière, au sein de laquelle les créatures préhistoriques ne sont pas le pire danger… Outre le rythme enlevé et les personnages sympathiques, le film réussit parfaitement ses changements de ton et, s’il abuse des images d’archives pompées à droite à gauche, celles-ci font mouche et renforcent un souffle aventureux convainquant. 


Le western tient également bien la route, même si, à l’image du film de pirate, il réserve aux « craignos monsters » une part finalement sommaire. Encore des rivalités amoureuses, cette fois sur fond de choc des cultures entre américains et mexicains, le scénario gentillet réserve quelques moments de bravoure, dont une charge de bétail affolée et un dinosaure qui tire la langue…
Moins rythmés, Lost Continent et King Dinosaur sont signés de deux tacherons de longue haleine. Bert I. Gordon, fasciné par les géants (Les Cyclopes, Le Fantastique homme colosse) raconte dans King Dinosaur l’échappée de deux couples de scientifiques sur Nova, nouvelle planète (qui ressemble furieusement aux forêts américaines) fraîchement apparue dans notre système solaire, peuplée de créature antédiluviennes. Quand à Sam Newfield (auteur plus tard d’un calamiteux western entièrement joué par des nains : Terror of tiny town), il envoie une bande de mâles virils dans le Pacifique à la recherche d’une fusée. 
Le Russe est-il un fourbe ? Peut-on être amoureux d’un avion au point de lui parler comme à une femme ? Pourquoi ces hommes courageux ont-ils peur de créatures ostensiblement herbivores ? Comment expliquer que quelques douzaines de rafales de fusils ne viennent pas à bout d’un Tyrannosaure alors qu’une seule balle abat un ptérodactyle ? Autant de questions auxquelles ne répond pas le film...



Les masters sont plutôt de bonne qualité avec une mention particulière au rouge flamboyant du décolleté de Patricia Medina dans The Beast of Hollow Mountain et, surtout, à la belle photo bien restituée de Two Lost Worlds.
Lost Continent souffre de quelques drops à l’image, compensés par le joli filtre vert qui envahit un tiers des images du film, habilement expliqué par les protagonistes.   
L’ensemble constitue une compilation d’un intérêt à la fois historique et ludique, un riche panorama de ce que fut un certain cinéma commercial dont on peine aujourd’hui à mesurer l’impact sur le spectateur de l’époque. On reste ainsi perplexe devant les personnages de King Dinosaur qui, après avoir réglé la menace préhistorique à coup de bombe atomique, prononcent cette sentence définitive : « Nous avons amené la civilisation sur la planète Nova ». Le film s’achève alors sur une musique optimiste, tandis que se développe le champignon nucléaire…

Tim Burton (Ed Wood) Joe Dante (Panic sur Florida Beach) ou même plus récemment Michel Hazanavicius (The Artist) célèbrent un cinéma naïf et décomplexé dont il est bien difficile de trouver l’héritage dans le cinéma actuel. Le travail d’Artus Films permet en tous cas de constater qu’il a bel et bien existé. 


mercredi 5 octobre 2011

Vient de paraître

Pour commander le numéro 5 de Peeping Tom, cliquez sur l'onglet "Boutique PEEPING TOM" en haut de la page, ou contactez-nous a tompeeping@free.fr.

 

jeudi 22 septembre 2011

Hantik Films joue la carte du mystère

La première victime de "L'as de pique"

Tomorrow at Seven, troisième film édité par Hantik Films, appartient à une catégorie obsolète du cinéma qui fit fureur dans les années 30. Le "whodunit?" ("Quilafait?"), pour lequel Alfred Hitchcock n'avait que mépris et condescendance, garde pourtant un charme particulier. Ce n'est pas tant dans le principe de découvrir l'assassin que réside le plaisir du spectateur : ici, le délit de sale gueule fait loi et un minimum d'intuition vous désignera le coupable. Mais l'élaboration de scénarios à tiroirs, l’ambiguïté des personnages, les retournements de situations, le gout des faux-semblants et des fausses pistes, entrainent le film sur une pente ludique et interactive, interpellant sans cesse le spectateur. Bien sûr, les stéréotypes sont légion et l'enchainement des faits peu vraisemblable, mais, dès le meurtre initial, que l'assassin (hors-champ) ponctue en jetant un as de pique sur le cadavre, le scénario de Ralph Spence va accumuler les énigmes et les coups de théâtre, enfermant ses personnages dans une demeure dangereuse après un voyage en avion mouvementé. 

D'autres atouts rythment ce cinéma daté : deux policiers idiots et prétentieux, préfigurant les Dupont de Tintin, sévissent tout au long du film, soupçonnant le héros, entravant la résolution du mystère en multipliant les erreurs grossières. Quant à Vivienne Osborne, elle fait partie de ses charmantes actrices oubliées d'une époque dorée du cinéma de genre. 
Si des contraintes techniques obligent Hantik Films à recadrer le film et donc à serrer un cadre déjà très rempli par les personnages, on appréciera la clarté et le contraste d'une image qui va tout de même sur ses 80 ans.  A souligner aussi : le visuel de toute beauté qui orne la jaquette et les vannes de Jean-Pierre Putters qui Putterise à mort sur le livret multilingue (Allemand, Anglais, Italien, Espagnol,Français : langues des sous-titres.)



Enfin, impossible de garder le silence sur ces deux nouveaux chapitres du sérial Undersea Kingdom qui constitue les bonus de cette collection DVD. Dans les volets 5 et 6, les méchants, coiffés de bonnets de bain à crête, semblent prendre le dessus sur nos héros descendus à Atlantis. Le sixième épisode se termine ainsi sur un cliffhanger de haute-voltige qui crée une attente d'autant plus forte sur les prochaines sorties d'Hantik Film.

"Crash" Korrigan, héros bien outillé du feuilleton Undersea Kingdom

Plus de renseignements sur le site d'Hantik Films


vendredi 26 août 2011

Mars contre-attaque

Fligh To Mars de Lesley Selander : on s'y croirait !

Jamais à court de bonnes idées, l'éditeur Artus Film sort le 27 septembre 2011 un coffret intitulé Destination Mars. Il regroupe quatre incunables des années 50, période dorée de la SF de série B qui vit la "planète rouge" faire l'objet d'un nombre impressionnant de réalisations américaines, souvent naïves et fauchées, mais dotées d'un charme inimitable. 
Soucoupes volantes, expéditions en fusées, martiens hostiles, fourbes, étranges, bizarroïdes ou humanoïdes... un imaginaire aussi éloigné des vérités scientifiques que possible au service de fantasmes plus ou moins paranoïaques. Si on a beaucoup glosé depuis sur les sous-textes politiques de certains de ces films (l'hostilité d'une planète ROUGE au temps où l'ennemi est le bloc communiste ne peut pas être tout à fait un hasard...), reste aujourd'hui un riche panorama cinématographique, une saveur, certes nostalgique, mais qui réussit encore à émerveiller le rêveur qui sommeille en nous.

Au programme de ce coffret :
LES ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE - William Cameron Menzies - 1953
24H CHEZ LES MARTIENS - Kurt Neumann - 1950
FLIGHT TO MARS - Lesley Selander - 1951
RED PLANET MARS - Harry Horner - 1952
plus quelques agréments dont Artus Film est coutumier (livret, lobby cards, courts métrages)

En pré-vente sur le site de l'éditeur à 18,90€...  Enfin les voyages interplanétaires en low cost ! 



samedi 13 août 2011

Scare-ific, volume 3


Hantik Films, émanation hautement recommandable des créateurs de Sin'Art, attaque la rentrée avec une nouvelle sortie DVD. Après les deux titres de Bela Lugosi que nous avions chroniqués ici même (Black Dragons et The Death Kiss), l'éditeur poursuit sa résurrection de films anciens avec Tomorrow at Seven, annoncé pour le 7 septembre.

Voici le résumé du film : Dans un vieux et sombre manoir, les protagonistes sont menacés par un mystérieux assassin. Ce dernier remet subrepticement à ses futures victimes une carte à jouer annonçant l’heure exacte de leur mort. Mais « L’As de Pique » sera démasqué par le beau et ténébreux Chester Morris, spécialiste des rôles virils et romantiques.

Il est précisé au passage que le personnage de L'as de pique a probablement inspiré Le Joker, célèbre ennemi de Batman. Une pièce de plus à ajouter au dossier des influences cinématographiques sur la BD de Bob Kane, après The Bat Whisper et son justicier masqué (cf : Peeping Tom numéro 2).

Comme pour les deux premier titres de la Scare-ific collection, le livret est signé du maître Jean-Pierre Putters, et on retrouve en bonus deux nouveaux épisodes de notre sérial adoré : Undersea Kingdom.

A suivre donc...

mercredi 3 août 2011

Le Feuilleton de la rentrée

Votre affluence, vos encouragements et votre fidélité sur notre série en 18 épisodes Hollywood Babylone ont été grandement appréciés ici-bas.
Mais maintenant que c'est fini, qu'est-ce qu'on fait ?


Le prochain feuilleton du blog s'attaquera à l'histoire du cinéma par la face nord. Dans le désordre chronologique le plus total, et en prenant quelques sentiers de traverse par rapport aux travaux sérieux et officiels, nous raconterons par l'insolite, l’anecdotique, l'hypothétique et, parfois, le véridique, quelques épisodes piochés au hasard dans plus d'un siècle d'aventures et de légendes cinématographiques.
Contrairement à Hollywood Babylone, il ne s'agira pas d'une adaptation mais d'une création. Cependant nous ne nous gênerons pas pour aller pêcher la matière première là où elle se trouve : livres et revues de cinéma, bonus DVD,  interviews, mémoires et autobiographies plus ou moins fiables de celles et ceux qui font et ont fait le cinéma, etc.

Le feuilleton Les petites histoires du cinéma démarrera à l'automne 2011.

***

lundi 25 juillet 2011

Session de rattrapage

"...Il y a maintenant toute une communauté de cinéastes à San Francisco (...) John Milius qui a réalisé Dillinger, était aussi de notre coin ; un autre qui s'appelle Philip Kaufman vient aussi de s'installer là-bas, c'est aussi ce que fait Steven Spielberg. Celui-ci a peut-être la grosse tête, mais il a un certain talent qui grandira peut-être..."
F.F. Coppola, septembre 1974.



Positif a sorti pour l'été un Hors Série compilant des entretiens réalisés sur les années 70 et 80, déjà parus partiellement ou inédits, avec des réalisateurs du monde entier. De Woody Allen à Wim Wenders en passant par Peter Greenaway, John Boorman ou Francesco Rosi, 160 pages  massives en noir et blanc. 10€

jeudi 14 juillet 2011

Deux raretés chez Artus Films

Après le coffret consacré à Bela Lugosi, les indépendants d'Artus Films continuent leur choix d'exhumation d'inédits et de découvertes atypiques. deux nouveaux DVD viennent donc d'ajouter à une belle liste d''incunables, deux films ayant en commun l'étiquette du thriller et s'assimilant plus ou moins au cinéma d'exploitation.

 

Les Films :
On émettra quelques réserves sur Devil Time Five, réalisé et scénarisé par l'inconnu Sean MacGregor (quatre films au compteur jamais sortis en France), petite pellicule particulièrement fauchée, particulièrement mal jouée et guère plus assurée au niveau de la réalisation, qui se veut un huis-clos tendu entre un petit groupe d'adultes passant un weekend dans un chalet enneigé et une bande de gamins qui atterrissent là  après un accident d'autobus. Un peu d'érotisme suranné et quelques crimes se voulant choquants ponctuent des dialogues ineptes et une situation très vite incohérente.

On retiendra, au chapitre des éléments véritablement intrigants du film, un crime en noir et blanc traité au ralenti (visuel et sonore), et la caractérisation des enfants tueurs (un "militaire", un "travesti"...) emmenés par une étrange bonne sœur. Devil Time Five rejoint une longue tradition de paranoïa envers les enfants qui, du Village des damnés à The Children en passant par Les Révoltés de l'an 2 000 a inspiré quelques belles frayeurs au cinéma. Disons que celui-ci est plus une curiosité qui a au moins le mérite de témoigner des expérimentations amateurs des années 70.


Beaucoup plus intéressant en revanche, The Killing Kind est un petit trésor de thriller psychologique dû au malchanceux Curtis Harrington*. Ce touche à tout à la carrière sporadique est passé par l'écurie Roger Corman (comme Scorsese, Coppola, Jonathan Demme, etc) et, s'il y a appris l'économie, il n'en a pas pour autant bradé son ambition artistique. Ainsi, The Killing Kind, sorti (et très mal distribué) en 1973 aux États-Unis, fourmille de bonnes surprises.
 
La première étant son duo d'acteurs principaux : un John Savage débutant mais parfaitement crédible en jeune homme perturbé, et l’impressionnante Anne Sothern (une centaine de film en 60 ans de carrière, dont une prestation mémorable dans Crazy Mama, l'un des tous premiers films de Jonathan Demme) dans le rôle de sa mère, guère plus équilibrée. On y suit le retour de Terry, emprisonné pendant deux ans pour avoir participé malgré lui à un viol collectif. Reprenant sa chambre dans le giron familial, qui est en fait une pension locative tenue par sa mère, il navigue entre vieilles dames un peu séniles et jeune fille délurée de la pension, accablé par les ombres de son passé, le tout sous l’œil curieux d'une voisine vieille fille, vivant avec son père acariâtre...
Là aussi, on frôle le huis-clos, et, si l'action quitte parfois la pension, la sensation d'une chape reposant sur la vie des personnages ne quitte jamais le spectateur. Tout est figé, un peu poussiéreux, et semble en permanence prêt à basculer dans la folie malgré le calme apparent. Le décor tient d'ailleurs une place de choix dans l'ossature du récit, qui se raconte à travers les fenêtres, dans l'encadrement des portes, ou sur le bord, voire du fond de la piscine. Le réalisateur évite les pièges de la complaisance (dès la scène  de viol inaugurale) sans pour autant négliger de mettre en scène avec soin chaque crime.

Mais c'est dans les scènes entre mère et fils qu'il démontre toute sa finesse, privilégiant le ballet physique que dansent les deux personnages sur l'hystérie psychologique qu'on aurait pu redouter (comme dans l'accablant J'ai tué ma mère de Xavier Dolan, pour ne citer qu'un exemple récent). On pense évidemment à Psychose, parfois au Voyeur de Powell, mais Curtis Harrington n'est pas un copieur ! Quelques clins d’œil à Hitchcock assez subtils ne parasitent jamais ce récit atypique, sans morale pontifiante ni psychologie de bazar. Malgré un rythme parfois ralenti et les limites imposées par l'économie du film (en particulier sur une scène d'"accident" de voiture un peu expédiée) The Killing Kind s'avère inspiré et cohérent de bout en bout, avec quelques moments mémorables (la scène du rat qui donna son visuel à l'affiche du film, mais aussi une scène de rêve, à la fois drôle et inquiétante).
Bref, le film doit bien vite allez rejoindre le rayon des perles à redécouvrir, aux côtés de Black Christmas (version 1974) sorti chez Wild Side, ou encore de Tourist Trap qu'Artus Films a déjà en catalogue.

Petit atout supplémentaire, il permet de retrouver Cindy Williams et  son "visage intéressant", l'actrice qui incarnait Laurie, petite sœur de Richard Dreyfuss et fiancée de Ron Howard dans American Graffitti, sorti la même année. 

Lers DVD :
Les masters sont à la hauteur des films. Ce qui donne une image assez moyenne pour Devil Time Five, réalisé à partir d'une copie passable qui s'explique évidemment par la rareté du film. Celui de The Killing Kind est bien meilleur et restitue particulièrement bien la belle photo de Mario Tosi (un subtil jeu d'éclairages tamisés sur des intérieurs chargés). 

Ce DVD bénéficie en supplément d'un exposé de 30 minutes de Frédéric Thibaut (passionné de cinéma, spécialiste du bis, programmateur de festival, journaliste...) sur la vie et la carrière de Curtis Harringtron. On est habitué aux réalisations sommaires de ce type de bonus (ici un plan de l'homme sur son canapé devant ses DVD avec deux recadrages en 30 minutes...), une sobriété qui n'affecte en rien un propos passionnant, plein d'anecdotes, de précisions historiques, et d'observations avisées sur le parcours difficile de ce réalisateur méconnu.
On soulignera tout particulièrement la politique de prix bas pratiqués par l'éditeur, 12,90€ le DVD, un effort remarquable pour une structure indépendante.

A noter enfin, Artus Films a pris la bonne initiative d'agrémenter chaque DVD d'un court-métrage français, ce qui complète un travail d'édition résolument tourné vers la curiosité.

*Pour en savoir plus sur la carrière chaotique du réalisateur, se reporter au bonus du DVD, mais aussi au numéro 243 de Mad Movies, en kiosque cet été 2011, qui, par un heureux hasard, raconte aussi la carrière d'Harrington. Même s'il expédie The Killing Kind en quelques lignes (avec une erreur dans le résumé !) Marc Toullec y trouve la formule idéale pour définir le talent du réalisateur : "une réalisation discrètement sophistiquée".