mardi 23 juillet 2013

Léolo le héros

On serait bien tenté de parler de chef d’œuvre si Jean-Claude Lauzon avait eu le temps de construire une œuvre. Mort prématurément dans un accident d'avion après un court et deux longs métrages, le réalisateur aura tout de même réussi à placer son dernier opus parmi les 100 meilleurs films de tous les temps selon le Time Magazine
Certes, ce genre de classement, subjectif et contextuel, ne veut pas forcément dire grand chose, mais une chose est sûre : si nous fûmes peut nombreux à voir Léolo lors de sa sortie en salle, en 1992, il fait partie de ces films qui laissent un souvenir indélébile, une expérience de cinéma physique, sensible et sensuelle. 

Construit à partir d'un premier roman célébrissime au Québec (et un tout petit peu en France) : La Vallée des avalés, dont il garde essentiellement l'esprit (le livre est physiquement présent dans le film et sert aussi bien à stimuler l'imagination du héros qu'à caler un pied de table...), le scénario est surtout nourri de souvenirs de l'enfance du réalisateur dans un quartier très pauvre de Montréal. Léolo est le cadet d'une famille de quatre enfants. Son père est fou, ses deux sœurs aussi, à des degrés divers, son grand frère est un peu simplet. Seule sa mère semble équilibrée et son corps déborde d'amour familial (Ginette Reno, magnifique, chanteuse et actrice montréalaise qui affiche une bonne cinquantaine d'albums, mais aussi quelques séries québecoises redoutables...)  
Mais la normalité n'existe pas pour Léolo, pas dans son monde... 
Partagé entre la crudité souvent terrible de sa maison, de son quartier, et une imagination qui l'embarque aux frontières du sublime, Léo Lauzon (auto-rebaptisé Léolo Lozone depuis qu'il a décidé d'être italien) est un enfant poète, amoureux, extra-lucide et ultra-sensible.
Capable aussi bien de tentative de meurtre sur son grand-père que de déclarer sa flamme en silence à sa voisine Bianca, Léolo rêve. Et nous avec.

Léolo observe Bianca
Peu soucieux de chronologie, ni de psychologie, le réalisateur réussit à n'avoir pas d'âge, à regarder l'enfant qu'il était de l'intérieur, à retrouver cette sensibilité écorchée vive que nous perdons normalement à l'âge adulte. La belle voix off de l'acteur Gilbert Sicotte relaie les scènes de l'enfance de Léolo en apportant une dimension poétique mais jamais décorative.
Cousin canadien du Toto le héros de Jaco Van Dormael, ou des quatre filles de La vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky, Léolo connaît un destin plus tragique, plus fulgurant, mais profondément marquant. Probablement parce que Jean-Claude Lauzon transforme notre regard tout au long du film. Comme lors de cette plongée de Léolo dans les eaux glauques, pour ramener les hameçons perdus des pêcheurs, au milieu des objets rouillées qui transforment le fleuve en décharge publique. Dans cet environnement sale, dangereux, oppressant, le garçon nage, cherche et trouve, en plus des hameçons, une dimension fantastique et mystérieuse de la réalité, qu'il nous permet de toucher du doigt par la magie de l'immersion cinématographique...

Léolo se cultive sur le dos de son frère



Le DVD :
Bonne copie, avec de très rares défauts d'image, très fidèle à la photo granuleuse, à la fois sombre et chaleureuse de Guy Duffaux.
Le son est impeccable,
Il semblerait qu'une partie bonus ait été envisagée puis abandonnée par Artus Films pour des raisons sur lesquelles l'éditeur ne s'est pas étendu. On peut le regretter d'un côté, le film faisant l'objet d'un culte et le réalisateur n'étant plus là pour jeter quelques lumières sur la genèse de son œuvre.
On peut aussi s'en réjouir : Léolo n'a pas franchement besoin d'explication, d'analyse, et encore moins de révélations sur ses secrets de fabrication. Réjean Ducharme, auteur de La Vallée des Avalés, a choisi de ne pas donner d'interview et de rester dans l'anonymat le plus total. Il est assez cohérent que le film qu'il a inspiré reste nu lui aussi, autonome, et garde cette aura de mystère, qui est justement au cœur de la fascination qu'exerce Léolo... Léolo Lozone  !


jeudi 18 juillet 2013

Rockyrama tente le grand saut

Il y a un peu plus d'un an, nous clamions ici tout le bien que nous pensions de Rockyrama, pavé "rétrojouissif", que nous ne nous décidons toujours pas à appeler un Mook (Magazine+Book... Pourquoi pas un Boozine tant que tu y es ?)
Lorsque notre collègue de The End annonça la prolongation dudit objet en trimestriel, donc en véritable magazine, un mélange de curiosité et de craintes se profila à l'horizon.

 

Après acquisition du premier numéro, ce sont malheureusement les craintes qui l'emportent...
Si l'on retrouve avec plaisir l'esthétique et la composition qui faisaient du gros volume un bel objet, on se casse un peu les dents sur le rédactionnel qui semble tourner en rond ou pire, se perdre en route.
- Quelques lignes (4 pages en gros caractères) pour évoquer une double lecture de Running Man : Schwarzerie bourrée de testostérone, mais aussi critique de la société annonçant la télé réalité. Outre le fait que le scoop est un peu éventé, on aurait peut-être aimé un peu plus de détail pour étayer le propos.
- Un dossier sur Mad Max qui fait regretter Starfix.
- Un article pour dire qu'Alien, quand-même c'est vachement bien.
- Un pour évoquer l'histoire de ce chef-d'oeuvre méconnu : La Planète des singes.
- Un autre pour dire que Tarantino c'est Dieu*...
A moins que ce ne soit Rick James... Ou Dr Dre...Car la partie musicale, proportionnellement plus développée dans ce numéro 1, est aussi celle qui offre les articles les plus intéressants.Notamment un parallèle entre la culture hippie californienne des sixities et le rock américain dit "alternatif" des années 90, rassemblés diaboliquement autour de la maison où Manson et sa secte perpétuèrent le massacre, entre autres, de Sharon Tate.
Le télescopage des deux époques, un peu forcé parfois, a au moins le mérite de sortir des sentiers battus, d'approcher la pop culture par un angle inédit, avec une audace qui fait défaut au reste du magazine.


Mais au-delà d'une déception toute subjective, on peut nourrir quelques inquiétudes pour l'avenir du titre qui perd aussi un peu son identité, notamment lorsqu'il évoque des œuvres ou des groupes contemporains (le groupe Chateau Marmont, eux aussi nostalgiques des années 80, mais avec la bonne attitude branchouille d'aujourd'hui).
Bref, sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, ça va être compliqué de tenir sa place en kiosque avec une ligne éditoriale aussi vague.
Et si on se trompe... et bien tant mieux pour Rocky Rama !


* Quelques pages plus loin, Moïssakis refait d'ailleurs le coup de Tarantino sur Top Gun, en tentant une lecture "gay cuir" de Commando...

jeudi 11 juillet 2013

L'émerveillement retrouvé

Même si le catalogue d'Artus Films est une véritable malle aux trésors du cinéma de genre, un cabinet des curiosités du 7ème art, l'éditeur pratique rarement l'édition "collector". 
La sortie, dans la triplette de juillet, de la version "UFA" des Aventures Fantastiques du Baron de Munchhausen constitue donc un double évènement. Pour l'occasion, Artus nous propose un double DVD, emballé dans un sur-boîtier en carton et agrémenté d'un joli livret de 8 pages, comprenant le synopsis détaillé et la distribution du film illustrés de photos et de dessins d'époque. 
Mais c'est surtout le film lui-même, dans sa version de 110 minutes, qui vient combler un manque dans l'histoire du cinéma fantastique et d'aventures. 
Il permet déjà d'éliminer deux ou trois idées reçues, la première étant que le film, commandé par le régime nazi en 42, serait un instrument de propagande ou, tout du moins, récipiendaire des idées nauséabondes de l'Allemagne hitlérienne. 
Le récit des aventures du Baron de Munchhausen a beau être une des plus belles pièces de la culture germanique, c'est avant tout l'histoire d'un personnage libertaire, pour ne pas dire subversif, résistant à toute autorité, réfractaire aux religions, et prônant un hédonisme de tous les instants, aussi bien en ce qui concerne le vin et la bonne chaire que les femmes de tous âges et de toutes conditions qui succombent une à une à son charme. Particulièrement dans cette version qui assume un libertinage constant et s’agrémente de quelques plans particulièrement osés pour l'époque (des femmes au bain, seins nus, dans le harem du Sultan de Turquie !)

Turkish délices...

Deuxième idée reçue : ce film daté de Josef Von Baky serait moins bien que la version de Terry Gilliam, sortie en 88. La comparaison est stérile, pour ne pas dire stupide, puisque le réalisateur de Brazil revendique lui-même l'influence de cette ambitieuse version allemande. La filiation semble évidente au vu des trucages artisanaux mais particulièrement inventifs qui abondent dans le film : transparences, accélérés, incrustations d'images, effets d'optique, apparitions/disparitions... On est dans la continuité des fééries de Méliès et des bricolages d'Harryhausen, chers au coeur de Gilliam qui n'a jamais caché son aversion pour le tout numérique et, particulièrement dans son Munchhausen, a tenté de retrouver cette magie du trucage primitif. 

Le Baron drague, même sur la Lune...
Troisième idée battue en brèche : à l'instar du Don Quichotte de Cervantès, Munchhausen n'est pas un récit destiné uniquement aux enfants. Outre l'érotisme latent et les idées progressistes déjà évoquées, le parcours du personnage  interroge quelques points essentiels de la condition humaine, notamment sur la question du vieillissement et sur la frontière qui sépare l'imaginaire flamboyant d'un réalisme forcément moins glorieux. Malgré un démarrage un peu bavard et quelques trous dans le récit, cette version réussit à merveille le mélange de légèreté et de profondeur. Quelques scènes restent d'ailleurs particulièrement émouvantes, comme la mort de Kuchenreutter, coursier et ami fidèle du Baron, et le geste d'amour final de ce dernier envers son épouse. 
Avec ses couleurs douces dues au procédé très spécifique  "Agfacolor", son casting et son budget colossaux pour l'époque, et sa fantaisie intemporelle, Les Aventures Fantastiques du Baron de Munchhausen s'avère aujourd'hui une œuvre essentielle de l'imaginaire fantastique à l'européenne, ô combien différente des superproductions américaines.

Escapade amoureuse en décors naturels, à Venise

Les DVD :
Le deuxième DVD est entièrement réservé au documentaire Un mythe en Agfacolor, 1h15 consacrées à la naissance du procédé et à son application dans le cinéma allemand. Plein d'enseignement historiques et techniques, quoiqu'austère dans sa forme.
A la suite du film, sur le premier disque, le Docteur "Artus Bonus", plus connu sous son nom véritable d'Alain Petit, sévit une fois encore avec un enthousiasme communicatif. Il reconstitue le contexte qui a vu naître ce projet, s'attarde sur les noms essentiels du générique, mais il évoque aussi les autres adaptation et, surtout, les différentes versions accessibles selon les époques, fantasmant sur une hypothétique copie de 2h15 dont l'existence est, pour l'heure, difficile à prouver. 
"De toutes façons, quand on est en présence d'un film comme ça, la moindre minute retrouvée, c'est déjà un trésor !" conclut-il avec une émotion palpable.
 

Alain Petit exhibe l'un de ses trésors, illustré par Gustave Doré !!!



mardi 2 juillet 2013

Grosse cylindrée et combinaison cuir

Ca ressemble plus à un fantasme de cinéphile déviant qu'à un vrai film. 
Jack Cardiff, l'un des plus éblouissants chef opérateur de l'histoire du cinéma, réalise en 68 son onzième long métrage (quand-même !) en tant que réalisateur, adapté de l'écrivain français érotico-surréaliste André Pieyre de Mandiargues. Si l'histoire en est simplissime (une femme est partagée entre deux hommes : l'un gentil et propret qu'elle a épousé, l'autre, viril et un peu propret aussi, qui est son amant), la forme en est en revanche libre et profondément originale. 

L'action (si l'on peut employer ce mot) part d'un rêve étrange sur fond de cirque. La jeune et belle Rebecca s'éveille dans le noir, troublée. Elle décide alors de quitter discrètement son mari aux premières heures du matin, pour enfourcher son Harley-Davidson Electra Glide et parcourir les kilomètres qui séparent la France de la Suisse afin d'y retrouver son amant. 
Entre flash-back et séquences oniriques reliés par une voix off exprimant les souvenirs, les doutes et les interrogations de l'héroïne, La Motocyclette a tout du "road-trip-movie", une petite année avant le film qui allait définitivement installer le genre : Easy Rider
Bien sûr, ni le propos ni le décor ne sont les mêmes, mais le voyage de Cardiff, s'il n'est pas exempt de défauts, fait preuve d'une audace formelle qui force l'admiration et l'impose comme une des matrices du genre. Dès l'ouverture, la volonté de prendre le spectateur à rebours de ses habitudes linéaires est manifeste. Usant de différents effets de filtres, de transparences, de violents contrastes de couleurs, de cadrages audacieux et de compositions inattendues, Jack Cardiff ne se pose pas seulement en esthète mais s'applique à construire une ambiance sensuelle et sulfureuse hors des sentiers battus. Outre le fantasme circassien qui ouvre le film, on retiendra une scène d'amour dans l'obscurité et surtout cette séquence où les deux amants, submergés par le désir dans une forêt enneigée, s'allongent sur un tas de bûches. 
 
Certes, la valse hésitation de Rebecca est un peu désuète aujourd'hui et sa relation gentiment sado-maso avec un Delon fumeur de pipe portant un joli gilet tricoté-main a perdu son parfum de scandale. Mais cette volonté de remettre en cause les valeurs traditionnelles de façon un peu lourde est largement compensée par le charme du film et surtout les surprises qui jalonnent ce trip. Particulièrement habile à caractériser ses personnages par les décors qui les entourent (l'école et son tableau noir pour le mari, la librairie pour la jeune fille, la grande fenêtre ajourée pour l'amant...), Cardiff maîtrise le va-et-vient temporel et délivre les maigres informations de l'intrigue avec un judicieux sens du timing.Au final, ce sont surtout les mimiques extatiques et les sourires forcés de Marianne Faithfull, abondamment filmée en combinaison de cuir noir, les cheveux aux vents sur sa grosse cylindrée, qui nous semblent un peu longuets, 45 ans après.
Ne gâchons pas notre plaisir pour autant : La Motocyclette est une hallucinante embardée du cinéma européen, le film d'un artisan libertaire et obsessionnel qui, aussi bien comme chef op' qu'en tant que réalisateur, a su utiliser le cinéma comme un terrain d'expérimentations et la caméra comme une machine à rêver.


Le DVD :
C'est une excellente copie qui nous est proposée ici, dont le transfert respecte les partis pris esthétiques du film. La bande son impeccable permet d'apprécier entre autres la musique originale de Les Reed.
Outre un abondant diaporama et la bande-annonce du film, nous avons droit au laïus de l'incontournable Alain Petit, toujours aussi érudit en ce qui concerne le générique et enthousiaste sur les écarts de conduite d'Alain Delon, mais peu disert sur l'originalité de fond et de forme de La Motocyclette. Cela dit, c'est juste pour chipoter : Artus Films vient encore d'ajouter une curiosité incunable à son catalogue déjà particulièrement roboratif !
 

mardi 25 juin 2013

Les objets du culte (4)


Ce n'est pas le meilleur film de Romero. Quant à Stephen King, au scénario, il se contente de respecter à la lettre l'esprit des récits EC Comics type "Tales from the Crypt". 

N'empêche, si Creepshow reste un exercice de style typique des années 80  (dans le même esprit, Spielberg produira Twilight Zone sous l'égide de la Warner l'année suivante), il remplit le cahier des charges, rend hommage aux BD d'horreurs des années 50 et offre quelques grands moments entre franche rigolade et délicieux frissons : un beau gâteau de fête des pères, une invasion de cafards propre à réveiller les pires phobies urbaines et une prestation de Stephen King en benêt redneck le temps d'un sketch, très loin de l'Actor's Studio, mais jubilatoire quand même.

En fait, le vrai trésor de Creepshow, c'est la BD qui l'accompagne, une mise en dessins du film, histoire de boucler la boucle. En général, les produits dérivés et autres "novélisations" sont bâclés, confiés à des tâcherons à qui on ne demande surtout pas d'être inspirés.
Idée de génie, l'adaptation est confiée à Bernie Wrightson, co-auteur de La Créature des marais, qui illustrera plus tard le classique Frankenstein dans une version sublime. Au vu des planches ébouriffantes de Wrightson, le livre confirme cette idée : le cinéma c'est bien, mais le charme de ces comics destinés à pervertir la jeunesse américaine est définitivement inadaptable... 

 

Rareté : Épuisé peu après sa sortie chez Albin Michel en 1983, l'album a été réédité en 2012 chez Soleil Productions. Merci à eux, même si on préfère quand même la couverture originale reproduite en tête d'article...


mercredi 19 juin 2013

L'été sera chaud, l'été sera beau

Encore et toujours, Artus Films affirme sa démarche atypique avec 3 nouveaux DVD annoncés pour juillet, qu'il sera cette fois difficile de rassembler sous une thématique commune.  Pour tous, la première grande version des Aventures Fantastiques du Baron de Münchhausen, superproduction aux couleurs pétard (en Agfacolor !) réalisé en Allemagne en 1943 sur commande du ministre de la propagande nazie, Goebbels lui-même, et pourtant irrigué d'une idéologie libertaire surprenante. En espérant qu'Artus propose la version intégrale (traduisez : avec seins nus...) 
Nettement plus adulte, une curiosité signée Jack Cardiff, immense chef op' du cinéma anglais (Le Narcisse noir, Les Chaussons Rouges, Pandora...) qui embarque Alain Delon et Marianne Faithfull dans un délire psyché-sexuel : La Motocyclette.

Notre impatience est plus grande encore de revoir Léolo, ovni québecois dû à un réalisateur au talent fulgurant, décédé prématurément dans un accident d'avion après seulement deux films, Jean-Claude Lauzon. Ce qui ont vu Léolo s'en souviennent. Ceux qui ne l'ont pas vu n'auront bientôt plus d'excuse...

jeudi 13 juin 2013

Actualité fanzinale

Après Edwige Fenech (3ème tirage), Charles Bronson (deuxième tirage) et la Nazisploitation (épuisé), le fanzine Toutes les couleurs du bis devrait continuer à cartonner avec son numéro 4 consacré à Tobe Hooper. On apprend beaucoup dès la couverture, notamment que le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse compte une filmographie de 26 titres !

On avait aussi un peu oublié d'évoquer la sortie du numéro 2 du hors-série que le très recommandable Cinétrange a consacré au cinéma des années 80. 130 pages qui viennent compléter un premier volume déjà fort copieux, de quoi vous donner envie d'aller rouvrir vos cartons de vieilles VHS qui moisissent à la cave !


On peut commander les fanzines ici et .

lundi 3 juin 2013

Y'a pas que la Hammer...



Artus Films continue son festival de sorties, balayant progressivement tout ce que le cinéma de genre compte de curiosités oubliées, de déviances perdues et autres bisseries qui semblaient n'exister que dans les fantasmes les plus tordus de cinéphages pervers.
Après les 3 westerns italiens du mois dernier, arrive une nouvelle trilogie rassemblée sous l'intitulée British Horror. Embrassant en 3 films ce qu'on appelle l'âge d'or du film d'horreur anglais, de son émergence au milieu des années 50 jusqu'à son sinistre déclin 20 ans plus tard, la sélection délaisse les productions Hammer Films abondamment éditées par ailleurs, pour trois exemples très spécifiques de ce que pouvaient donner de plus hallucinant les petites productions indépendantes de l'époque.

Horror Hospital
Au mépris de toute chronologie, commençons par Horror Hospital, qui a marqué toute une génération de fans français de cinéma d'horreur, notamment grâce à une édition chez Delta Video en 82 dont la jaquette un peu trompeuse a certainement contribué au succès.



Brian Jagger ? Mick Jones ? Non, Robin Askwith
On y découvre un jeune compositeur de pop music qui décide d'aller se mettre au vert et choisit pour cela une maison de repos dans la campagne anglaise... Le point de départ est d'autant moins crédible que ce jeune chevelu, sorte de croisement entre Brian Jones et Mick Jagger (dont il adopte volontiers les moues lippues et la gouaille), trouve sa destination dans une espèce d'agence de voyage un peu fumeuse, tenue par une vieille crapule (Dennis Price, qui fut, entre autres, l'un des ignobles jurés de Théâtre de sang) très sensible au charme "stonien" du jeune homme. Mais ce n'est rien à côté de ce qui va suivre : le jeune homme prend le train, rencontre une très jolie jeune fille, qui s'avère être la nièce d'une ancienne tenancière de bordel qui travaille désormais avec l'ignoble docteur responsable de la pseudo clinique de repos...

Grosse rigolade sous la douche : ça va pas durer
Je m'arrête là : le scénario signé du réalisateur Antony  Black, et d'un certain Alan Watson dont c'est la seule aventure cinématographique, ressemble au délire d'un amateur de fantastique, écrit sous trip d'acide. Tout le panel est représenté : savant fou, patients zombifiés, serviteur nain, vieille tante complaisante, créature monstrueuse, auxquels il convient d'ajouter quelques motards en cuirs casqués ainsi qu'un bellâtre d'origine indéfinie surgissant au dernier tiers du film (l'acteur, malgré son physique sud-américain, est né Baron Von Quelquechose, à Hong-Kong !!!)
Au chapitre des réjouissances organiques, notons la décapitation, des charcutages divers, du transport de cervelle, l'absorption de breuvages verdâtres et de nourritures indéfinissables, une ou deux séquences de nudité un peu vite avortées, j'en passe et des meilleures.

Ambiance de folie pour le repas du soir
Quant au casting, s'il n'est pas constitué d'acteurs transcendants, il aligne en revanche les plus belles trognes du genre avec, en tête, le terriblement malsain Michael Gough dont le visage inquiétant marqua aussi bien les séries télévisées (Docteur Who, Chapeau melon...) que le cinéma de genre, jusqu'à ce que Tim Burton en fasse le Pennyworth de son Batman.
On apprend dans le bonus que ce délirant concentré d'horreur d'un mauvais goût assumé a été entièrement construit à partir de son titre. Titre que nous ne connaîtrons que tardivement : alors qu'il n'a rien à voir avec le personnage de Mary Shelley, il sortit en France en 1976 sous l’appellation La Griffe de Frankenstein, certainement pour récupérer le public de la Hammer.


Le Sang du Vampire
15 ans avant Horror Hospital, un autre savant fou faisait des siennes dans un film qui eut aussi les honneurs de la VHS et que l'édition française, parue chez Fantastic Video, était d'ailleurs la seule à présenter dans sa version "complète" : Le Sang du vampire.

Là aussi, l'action se concentre essentiellement sur un lieu : une prison/asile en retrait du monde, dans laquelle le docteur Callistratus, ressuscité après son exécution pour "vampirisme", utilise les prisonniers comme cobayes pour ses expériences sur le sang humain. Le jeune docteur John Pierre, accusé un peu vite d'avoir causé la mort d'un de ses patients, est envoyé dans ce lieu lugubre où Callistratus le prendra comme assistant. Mais la fiancée de John Pierre n'a pas dit son dernier mot...


Si l'on se rapproche de la tradition gothique dans cette histoire située en fin de XIXe en Transylvannie, la réalisation d'Henry Cass délaisse les couleurs flamboyantes et les aspects baroques de la mise en scène de la Hammer pour une atmosphère d'une noirceur absolue. L'image est sombre, l'action se passant essentiellement en intérieurs glauques et sales, ou de nuit, dans la cour du bâtiment carcéral. Le serviteur boiteux et dissymétrique de Callistratus sert de passeur entre les cellules miséreuses et le laboratoire souterrain du scientifique malfaisant, parcourant une série de lieux plus oppressants les uns que les autres, de la cour gardée par des molosses assoiffés de sang aux colonnes de pierre où sont enchainées quelques accortes victimes du sadisme de Callistratus.
On apprend dans les bonus que l'Angleterre, et à plus forte raison les États-Unis, ont connu une version censurée du film, où manquaient les décolletés sur poitrines opulentes, mais aussi les passages les plus "violents" du métrage, notamment un lent travelling sur les écorchés et autres fragments anatomiques disséminés dans le laboratoire. Artus Films propose la version "française" où ces minutes supplémentaires se remarquent par une qualité d'image plus faible. Mais l’intérêt d'avoir retrouvé ces quelques mètres de pellicule n'est pas seulement historique : elles renforcent la vision pessimiste et cruelle d'un film dont le happy end, vite expédié, ne dupe personne.
Marqué par la présence de l'acteur Shakespearien Donald Wolfit qui, pour cette première incursion dans l'horreur se place d'entrée parmi les plus beaux "méchants" du genre, Le Sang du vampire s'avère plus fantastique dans son atmosphère et ses atours que dans son récit. Ainsi, la première partie, qui voit son héros victime d'une injustice perdre progressivement tout contact avec son entourage et le confort de sa vie bourgeoise, rappelle la paranoïa propre à certains films de prison. Le scénario de Jimmy Sangster (auteur à la même époque du terrible Paranoïac avec Oliver Reed) préfère dépeindre la noirceur de l'âme humaine qu'une manifestation surnaturelle du Mal, le vampirisme du titre étant à prendre dans un sens très métaphorique.

La Nuit des Maléfices
La véritable surprise vient du moins connu de ces 3 films : La Nuit des Maléfices, réalisé en 1971 par Piers Haggard, un quasi inconnu à qui on doit une fin de franchise (Quatermass), une parodie de franchise (Fu Manchu) et Venom, jalon du fantastique sorti en 81, plus réputé pour son casting alignant Klaus Kinski, Oliver Reed et Michael Gough (le méchant d'Horror Hospital, suivez un peu !) que pour ses qualités. 
Pourtant, une indéniable originalité apparaît dès les premières minutes dans la réalisation de La Nuit des Maléfices.
Une jarre, une besace ouverte dont les victuailles se sont renversées dans l'herbe et un râteau au premier plan. En fond, un laboureur traverse l'écran. Il fait une pause, salue une paysanne au loin, essuie la sueur sur son visage. On entend les corneilles croasser. Quelque chose l'intrigue alors dans le sol retourné  : il découvre un bout de squelette, un masque au centre duquel semble le dévisager un œil diabolique, sur lequel rampe un ver de terre...


L'ambiance moyenâgeuse particulièrement soignée du film (décors et costumes plutôt austères, une atmosphère hivernale rendue par de nombreux plans sur la nature aride), combinée au choix de privilégier le mystère et le dévoilement progressif des enjeux du récit sur les grands effets horrifiques, débouche sur un équilibre inhabituel entre réalisme et fantastique. On ne sait jamais si la folie qui atteint les personnages, l’émergence de zones pileuses sur certaines parties du corps ou même les morts mystérieuses de quelques villageois sont dues à des phénomènes naturels ou surnaturels. Se situant dans une tradition riche de films autour de la sorcellerie et des rituels d'incantations diaboliques, La Nuit des Maléfices construit un récit de plus en plus malsain, sans jamais basculer dans la complaisance sanglante ou érotique (malgré deux séquences particulièrement chargées sur le plan sexuel).
Très justement affilié dans les bonus au cruel classique de Michael Reeves, Le Grand inquisiteur,  le film de Piers Haggard s'avère certes moins flamboyant et comporte quelques imperfections, mais il est aussi empreint d'un climat étrange et sauvage qui a peut-être inspiré le Nicolas Roeg des Sorcières. Avec ses paysans crédules, son clergé fébrile et ses adolescents inquiétants, La Nuit des Maléfices est au final une œuvre singulière et captivante qui mérite grandement son exhumation.



Les DVD :
Imparfaites mais plus qu'honorables, les copies proposées par Artus Films permettront de découvrir ou redécouvrir les films dans des bonnes conditions qui passent même l'épreuve du vidéo projecteur. Les compressions sont de qualité inégales avec un petit bémol pour Le Sang du Vampire dont la définition est assez approximative, un petit défaut largement compensé par l'opportunité de voir la version complète évoquée ci-dessus. 
Comme d'habitude, affiches et photos d'époque alimentent les galeries des bonus, et surtout l'érudition inépuisable d'Alain Petit qui décline le casting et la place de chacun des films dans l'histoire du cinéma d'horreur anglais. Si l'on ne partage pas forcément son manque d'enthousiasme patent pour La Nuit des Maléfices, on commence à avoir du mal à imaginer un DVD d'Artus sans sa bonhommie éclairée.
Jan Jouvert




        

dimanche 2 juin 2013

Les 24 coups (+1) de Minuit

C'est la meilleure nouvelle éditoriale de l'année. Les éditions Rouge Profond, dont la collection Raccords consacrée au cinéma fait des merveilles depuis une dizaine d'années, annonce un projet d'utilité publique qui prendra effet à partir de septembre 2013.
En trois livres accompagnés de DVD, l'éditeur compile l'intégrale de la mythique revue Midi-Minuit Fantastique, agrémentée de suppléments qui mettent l'eau à la bouche (archives inédites, films, etc.) et du numéro 25 qui est resté totalement inédit.


24 numéros en parution chaotique répartie de 1961 à 1972, pour la première publication française consacrée officiellement au cinéma fantastique, mais qui en fait embrassait plus largement tout ce que la culture pouvait avoir de déviant : des bisseries à l'érotisme, en passant par des échappées vers la littérature, la BD ou encore les trublions émergeant (Mocky, Wakamatsu), avec un goût prononcé pour le surréalisme et tout ce qui sentait le souffre. 
Le format, la maquette, le nombre de pages... rien n'était constant dans Midi-Minuit Fantastique, sinon une insatiable curiosité. Quelques numéros célèbres, devenus rarissimes, sont aujourd'hui des proies de collectionneurs, notamment l'introuvable numéro 8, consacré à l'érotisme et l'épouvante dans le cinéma anglais saisi à l'époque par la police (ce qui, vu d'aujourd'hui, laisse songeur sur l'évolution des mœurs.) 
Entre les premières parutions, plutôt thématiques (Terence Fisher, King-Kong, Dracula...), et une ligne éditoriale plus éparpillée mais toujours aussi passionnante à partir du numéro 14 (qui marque le passage au grand format), la collection complète constitue un formidable balayage de cette décennie, à la fois pop et expérimentale, un territoire rêvé dans lequel la pure exploitation tutoyait parfois le génie.

En attendant cette alléchante aventure éditoriale, pour vous mettre en appétit allez donc vous plonger dans le dossier très riche que le site de référence DevilDead a consacré à la revue. 
Quant à moi, je vais me replonger dans mes numéros poussiéreux qui me permettront de patienter jusqu'au lifting opéré par Rouge Profond...

jeudi 25 avril 2013

3 visages du western italien


La dernière livraison d'Artus Films ravira ceux qui, comme moi, bavent régulièrement en parcourant les pages du pavé de Jean-François Giré : Il était une fois le western européen.
En supposant que vous soyez de la bonne génération et que vous fûtes, à l'époque, au bon endroit (en région parisienne, quoi !), il est impossible que vous ayez vu toutes les perles de ce genre déviant et prolifique qu'on appelait avec plus ou moins de condescendance le "western spaghetti". Vu le rythme stakhanoviste des productions (en moyenne plus d'un par semaine entre 1965 et 1972), tout ne sortait pas en France. Et c'était souvent tant mieux : pour quelques dizaines de western à (re)découvrir, on ne compte pas le nombre de films anecdotiques, pour ne pas dire négligeables. Ainsi, l'éditeur Seven 7 fut-il pionnier dans l'extirpation de raretés du western italien, avant de se fourvoyer dans les fonds de catalogue, que des jaquettes illustrées par les dessinateurs de Fluide Glacial ne suffirent pas à sauver. Bien sûr, il y a les fanatiques, les inconditionnels et les complétistes qui aimeraient bien tout voir, jusqu'au grotesque Les Ravageurs de l'Ouest, sorti à l'époque chez Evidis dans une copie VF vieille et tremblante. Difficile donc de faire le tri entre la curiosité, l'indispensable et le film qui aurait mieux fait de rester aux oubliettes de l'histoire du cinéma. Tentons le coup avec les 3 nouvelles parutions d'Artus...

On pourra ainsi toujours s'interroger sur la pertinence d'éditer Joe L'implacable (Dynamite Joe) qui ne sera malheureusement pas à ranger dans la catégorie des grandes réussites d'Antonio Margheriti. Son scénario, optant résolument vers la veine comique, voire parodique, met en vedette un mercenaire, docteur ès dynamite, engagé par le gouvernement pour surveiller le transit de l'or régulièrement dérobé par un gang de hors-la-loi.
Redondant, monté à l'arrache et surtout flanqué d'un acteur principal dont l'illusoire ressemblance avec Eastwood ne parvient pas à cacher le manque de talent et de charisme, Joe L'implacable est à peine sauvé par quelques explosions bien senties et des idées qui auraient gagné à être un peu mieux exploitées (le pseudo-révolutionnaire mexicain qui ne quitte jamais son fauteuil même en pleine nature, le héros assiégé au fond de la mine, une rivalité féminine blonde/brune autour de ce même héros) mais qui finissent vite en pétard mouillé.

Rik Van Nutter, il avait le choix entre le poncho et le talent de Clint Eastwood...





 

Dans une veine proche, tourné quasiment à la même époque, Un train pour Durango s'en tire nettement mieux. Peut-être parce qu'il assume un ton égrillard, un goût pour la farce, quelque part entre le roman picaresque et les excès rabelaisiens. Le premier plan montre l'arrivée du tandem principal, dont le héros plié en deux sur son cheval pour avoir pris (je cite) "une balle dans le cul". 
On reconnaît, dans ce duo héroïcomique, des accents de celui que formaient Eastwood et Eli Wallach dans Le Bon, la brute et le truand et l'on peut aussi penser qu'il préfigure celui d'On l'appelle Trinita, d'autant plus que le réalisateur des Trinita, Enzo Barboni est directeur de la photo sur ce film-là.On retrouve également quelques préoccupations sociales chères à Sergio Leone ou Damiano Damiani (El Chuncho) : les différences de classes et de castes, le cynisme et le détournement de la révolution, etc...
Même si, là aussi, le scénario bafouille un peu et perd le rythme de temps en temps, il bénéficie de suffisamment de retournements de situations pour tenir sa logique tordue jusqu'au bout. Agrémenté d'un personnage féminin important et nuancé et de personnages secondaires croquignolets, Un train pour Durango fourmille d'idées sympathiques dont une attaque de train (toujours bienvenue), une scène de roulette russe collective assez drôle et l'humiliation des deux héros enterrés jusqu'au cou subissant l'assaut d'une horde à cheval -dont le bonus nous apprendra qu'elle fut tournée sans trucage-. Avec son final ironique particulièrement réussi, Un train pour Durango se situe dans le milieu du classement, parmi la tripotée de films du genre pas indispensables mais foncièrement sympathiques.



Mais la pépite de cette livraison d'Artus est à coup sûr Texas (Il prizzo del potere), l'un des plus beaux exemples de ce qui fait le prix des expérimentations et détournements du genre : ici, une évocation des tensions qui ont présidé à la naissance de la nation américaine, se doublant d'une passionnante variation sur l'assassinat de JFK.
Difficile de résumer une intrigue qui évolue très rapidement et met en jeu non seulement beaucoup de protagonistes, mais aussi plusieurs niveaux d'un récit dynamité par la duplicité et les revirements des personnages. Le héros, Bill Willer, est déjà difficile à cerner, ayant vécu la guerre de sécession côté nordiste en face de son Texan de père qui combattait pour le camp opposé. Celui-ci sera d'ailleurs lâchement assassiné au début du récit, entachant ainsi la morale immaculée du héros d'un désir de vengeance incompatible avec ses idéaux de tolérance.

1ère image : les sudistes brûlent le portrait de Lincoln, avant la bannière étoilée..
Le racisme "naturel" du pays est aussi largement évoqué avec le personnage de Jack Donovan, ami du héros qui a eu la mauvaise idée de naître noir, au Texas. Corruption de fonctionnaires, lobby financier (incarné ici par Fernando Rey, en banquier véreux tout puissant), presse soumise au pouvoir, racisme plus ou moins hypocrite, manipulation du peuple et théorie du complot nourrissent un scénario articulé autour d'un morceau de bravoure : l'assassinat du président des États-Unis. La séquence centrale du film est cadrée et découpée pour évoquer immanquablement les fameuses images du 22 novembre 1963, d'autant plus que l'action du film se déroule à Dallas, qu'il y a plusieurs tireurs embarqués et l'épouse du président assise à son côté, au centre du cortège...

L'assassinat du président : un troublant effet de "déjà vu".

Ce n'est qu'une des idées brillantes d'un scénario atypique signé Massimo Patrizi, responsable l'année d'avant de celui de Les Russes ne boiront pas de Coca-Cola de Luigi Comencini... Quant au réalisateur, Tonino Valerii, il est souvent oublié lorsqu'on évoque les grands noms du western italien, probablement parce qu'il sait se montrer discret, très en retrait des étincelles baroques qui illuminent le genre. En plus de cette réussite, on lui doit tout de même le chant du cygne du spaghetti, Mon nom est personne, mais aussi le très sous-estimé Le Dernier jour de la colère sorti voici belle lurette chez Seven 7.



Les DVD :
Qualité des copies et de la compression : Artus propose trois DVD plutôt irréprochables, d'autant plus que les films, généralement sortis dans des versions mutilées en France, sont ici proposés dans leur métrage intégral. Les VF passent en VO sous-titrés lors des séquences originellement coupées. 
C'est cette fois Curd Ridel qui assure les trois suppléments. Le dessinateur-scénariste de BD, un temps en charge de Pif et Hercule, est un autre fou furieux du western italien. Il se concentre plus particulièrement sur les acteurs des trois films en faisant défiler à l'écran une impressionnante collection de DVD qui devrait en faire baver plus d'un (voir en début d'article).
Moins historien et plus enthousiaste que Ramaïolli, il évoque avec gourmandise les "chouettes" films d'Anthony Steffen, Giuliano Gemma et de toutes les trognes qu'on retrouve régulièrement dans les rôles de seconds couteaux. Peut-être pour des raisons de proximité géographique, il est un des rares à savoir que l'actrice principale d'Un train pour Durango, Dominique Boschero, est devenue aujourd'hui une ardente prosélyte de la culture occitane sous le nom de Dominique Bosquier. Il est aussi détenteur d'un roman photo inspiré du film qui semble valoir son pesant de cacahuètes !