Le fanzine Darkness continue à explorer en profondeur le cinéma qui dérange, qui fait mal, qui fait débat. Le sexe, la politique, la religion, l'obscénité : tout ce qui peut être attaqué, voire censuré, intéresse la revue qui ne se contente pas du regard critique mais en brasse aussi bien les aspects juridiques, médiatiques, sociologiques...
Le numéro 15 s'attaque au cinéma qui éclabousse : le gore et ses avatars les plus déviants comme le "torture porn" par exemple.
Il coute 11€ et on peut le commander chez Sin'art.
samedi 27 décembre 2014
vendredi 19 décembre 2014
samedi 6 décembre 2014
Alex de la Iglesia et Carolina Bang avec Peeping Tom à Cannes
A l'invitation des Rencontres Cinématographiques de Cannes, nous sommes drôlement contents de présenter deux films réalisés par Alex de la Iglesia avec Carolina Bang, en leur présence !
Le jeudi 11 décembre, aux Arcades, l'horriblement émouvant Balada Triste, suivi de l'horriblement drôle Les Sorcières de Zugarramurdi. Monsieur et madame seront là pour présenter les films et rencontrer le public. Nous aussi avec, dans les mains, le tout nouveau numéro de Peeping Tom, si l'encre a eu le temps de sécher...
Le jeudi 11 décembre, aux Arcades, l'horriblement émouvant Balada Triste, suivi de l'horriblement drôle Les Sorcières de Zugarramurdi. Monsieur et madame seront là pour présenter les films et rencontrer le public. Nous aussi avec, dans les mains, le tout nouveau numéro de Peeping Tom, si l'encre a eu le temps de sécher...
lundi 14 avril 2014
New-York s'installe à Lyon
Hallucinations Collectives, ce sont 6 jours de célébration d'un cinéma comme on l'aime, du 16 au 21 avril dans les salles du Comoedia, à Lyon.
Films de genres sulfureux, productions indépendantes cauchemardesques et autres déviances cinématographiques sont au programme avec une thématique alléchante autour du New-York cradingue des années 70-80. On y retrouvera entre autres le très culte Warriors de Walter Hill, mais aussi un film fantastique écologico-mystique à redécouvrir absolument : Wolfen. Pour compléter l'affaire, une soirée "N-Y Trash avec le très dégoutant Street Trash et le n'imortequesque Frankenhooker.
Dans ce beau paquetage, nous pointerons la séance de l'excellent et singulier Baxter, samedi 19 avril à 17h20, présentée par son réalisateur Jérôme Boivin, ainsi que la présence pour dédicaces de Gillles Esposito et Christophe Bier le vendredi (Bis – 20 ans de Programmation à la Cinémathèque Française ), Nicolas Stanzick le samedi (Midi-Minuit Fantastique – l’Intégrale, Vol.1) et Jean-Pierre Putters le dimanche pour son autobiographie.
Films de genres sulfureux, productions indépendantes cauchemardesques et autres déviances cinématographiques sont au programme avec une thématique alléchante autour du New-York cradingue des années 70-80. On y retrouvera entre autres le très culte Warriors de Walter Hill, mais aussi un film fantastique écologico-mystique à redécouvrir absolument : Wolfen. Pour compléter l'affaire, une soirée "N-Y Trash avec le très dégoutant Street Trash et le n'imortequesque Frankenhooker.
A cela s'ajoute un clin d'oeil à Empire, la boîte de Charles Band qui produisit quelques marqueurs de l'horreur 80's (Dolls, Re-Animator, Terrorvision), une carte blanche au réalisateur Pascal Laugier qui se répartit entre réévaluation (L'exorciste II), grand classique (Le Locataire) et rareté (Ces garçons qui venaient du Brésil). Et encore une compétition de long métrages, une de courts, et quelques autres douceurs de bon goût. Le tout accompagné par de nombreux invités qui présentent leurs films, ceux des autres, signent des livres, animent des rencontres...

Mais en fait le mieux c'est de se libérer du 16 au 21 avril : la prog' est terrrrrrrible !
Renseignements pratiques et détails de la programmation sur le site d'Hallucinations Collectives
jeudi 10 avril 2014
Avis de tempête !
Encore et toujours Artus avec 3 gros morceaux de la SF sixties :
- La Russie avec La Planète des tempêtes et ses créatures géantes,
- L'Italie s'illustre avec deux films : un Mario Bava très étonnant avec des jolies combis latex, La Planète des vampires, mais aussi l'un des plus beaux films d'Antonio Margheriti, La Planète des hommes perdus dans lequel Claude Rains campe un scientifique fou mais bouleversant...
Comme d'hab', on en reparle après visionnage !
samedi 1 mars 2014
Ce Django-là...

De façon très surprenante, Le Temps des vautours (10 000 dollars pour un massacre si l'on traduit le titre italien) commence à la mer. Django est étendu sur le sable, au soleil. Il se relève et prononce cette phrase d'un air rêveur "Ah, la mer...Quelle belle chose que la mer, mon ami !". Puis il se retourne et l'on découvre qu'il s'adresse à un mort. Django est chasseur de primes et le cadavre est sa proie...
Ce début fracassant donne le ton faussement léger d'un film qui part du grand ciel bleu pour aller vers les tendances les plus troubles, les plus sombres de son personnage. Django a une Némésis, un ennemi juré que le destin l'oblige à croiser dès le début du film et qu'il retrouvera forcément sur son chemin aux moments-clés. Manuel : un bandit mexicain qui enlève la fille d'un riche propriétaire et voit sa côte grimper inexorablement auprès des chasseurs de primes, il est surtout celui qui poussera Django à négliger la femme qui l'aime, commettant alors une faute irréparable...


Pour autant La Proie des vautours n'est pas un western existentialiste à la Monte Hellman. Le rythme est enlevé, l'humour omniprésent et il contient tous les éléments du genre : rivalité, trahisons en tous genres, vengeance, saloon remplie de femmes et de poivrots, partie de poker, beuverie nocturne, bagarres rabelaisiennes, torture sadique sous le soleil implacable et, bien sûr, affrontement final. Mais le scénario, construit avec un sens de la progression et quelques finesses remarquables, est parfaitement servi par une mise en scène constamment inventive. Les séquences mémorables ne manquent pas, entre la danse hystérique d'une grosse femme ivre, la bagarre qui se termine dans le crottin de cheval, ou cette image du cow-boy qui pleure, si rare, si surprenante et si audacieuse, qu'on se demande pourquoi elle n'est pas plus connue dans l'histoire du cinéma.
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Claudio Camaso (à droite) : le même regard de fou que son frère, Gian Maria Volonte |
Romolo Guerrieri n'a pas fait beaucoup de westerns et sa carrière de réalisateur compte une petite vingtaine de films. Mais ce Django-là, s'il a peu de point commun avec le premier (hormis la figure du chasseur de prime et la belle Loredana Nusciak dans un rôle décisif), tient une place à part dans le genre, ne serait-ce que pour les trajectoires inattendues de ses personnages principaux.
Le DVD :
Rien à dire, le master rend grâce à la photo de Federico Zanni, et surtout à la superbe bande originale de Nora Orlandi, l'une des deux seules femmes à avoir composé pour le western italien. Si l'on peut parfois préférer la v.f. à des versions originales pas toujours bien post-synchronisées ni cohérentes (Clint Eastwood doublé en italien dans Pour une poignée de dollars !!!) la version italienne est ici impeccable.
Côté bonus, c'est le retour de Curd Ridel qui officie sur les 4 DVD (avec, forcément, des impasses sur certaines infos pour éviter les redites d'un disque à l'autre). Mais on a droit aussi à un entretien parallèle de Romolo Gueririeri et Gianni Garko qui, malgré une certaine retenue, livrent quelques anecdotes pertinentes pour éclairer cet âge d'or révolu.
samedi 15 février 2014
Les miroirs de Jess
La nouvelle livrée d'Artus Films ne fera que conforter les détracteurs de Jess Franco.
Même au meilleur de sa forme, au plus près de son inspiration, il reste ce réalisateur à la caméra instable, méprisant les raccords classiques, adepte du montage moelleux, voire langoureux. On imagine bien les écoles de cinéma l'utiliser comme un mauvais exemple, sans chercher à y voir la marque de ce qu'on appellerait ailleurs un style.
Pourtant, à travers trois exemples de films au départ très différents (un érotique, un espionnage "pop" et un projet plus intimiste aux frontières du fantastique) le réalisateur ne cesse de creuser son sillon, improvisant sur des thèmes imposés, éclusés, en bon jazzman du cinéma qu'il est.
S'il peut sembler évident de voir Jess Franco s'emparer des écrits du Marquis de Sade, Les Inassouvies est un peu décevant. La Philosophie dans le boudoir a beau contenir le schéma élémentaire d'une partie de sa filmographie (un couple éduque/pervertit une vierge innocente), on lui préférera par exemple aisément La Comtesse perverse voire Plaisir à trois, (tous deux déjà parus chez Artus), le réalisateur semblant paradoxalement manquer d'inspiration, notamment dans les scènes censées être les plus chaudes. Malgré ses séquences d'orgies vaguement sataniques, ou le fouet et les mises à mort vont bon train, on ne frissonne guère que lors des apparitions de Christopher Lee qui déclame du Sade en anglais avec une classe inaltérable...
La surprise est au rendez-vous en revanche avec Sumuru, la cité sans hommes qui lorgne joyeusement du côté des fumetti (le film sort un an après Danger : Diabolik !) et s'illustre comme un petit manuel du cinéma d'exploitation. Jess Franco utilise avec un bonheur visible les décors naturels brésiliens, intégrant un folklore bon enfant (le carnaval, les masques...) tout en se déchainant sur un autre de ses fantasmes récurrent : l'île aux femmes.
La vénéneuse Sumuru, à la tête d'une armée d'amazones bottées mais court vêtues, fait ici face à un héros un peu fade mais aussi à un troisième personnage : une crapule maniérée, un grigou à la fois sadique et choqué par la violence, incarné avec une dérision ostensible par un George Sanders en fin de carrière, mais pas encore à bout de souffle.
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Le téléphone rose, version 69 |
Le gros morceau de cette triplette est sans conteste Le Miroir Obscène, proposé ici dans une "édition collector" vraiment digne d’intérêt qui permet d'éclairer une partie du mystère Franco. En 73, le réalisateur a enfin la possibilité de réaliser ce projet qui lui tient à cœur depuis longtemps. Le Miroir obscène est apparemment issu d'un travail antérieur avec Jean-Claude Carrière, ce que semble confirmer le récit et l'atmosphère du film qui rappellent immanquablement l'univers que le scénariste a développé avec Luis Bunuel.Un père strict et fou de sa fille, Anna, ne supporte pas l'idée qu'elle se marie et se pend dans sa demeure. La jeune fille quitte alors l'île sur laquelle ils vivaient isolés pour mener une existence urbaine et diluée de pianiste de jazz. Dès lors, quand un homme la convoite de trop près, elle est systématiquement assaillie de visions meurtrières renvoyées par un miroir...
Si pour une fois on sacrifie au récit détaillé de l'intrigue, c'est que celle-ci inspire à Jess Franco un film étrange et dérangeant, où se mêlent inceste, fascination morbide et expérimentations diverses, à ranger parmi ses œuvres les plus audacieuses, pas très loin du mythique et mystique Vampyros Lesbos. Étirant les scènes à leur extrême limite (notamment une séquence musicale de 5 minutes où la caméra se promène sur les musiciens en jam session, sans jamais se soucier des raccords son/image), visiblement fasciné par le visage de son actrice principale et revenant sans cesse au masque grotesque du père suicidé à la langue pendante, Jess Franco instaure un climat fantastique et cauchemardesque, pourtant illuminé par le soleil de Madère et le regard vert d'Emma Cohen.
Ce labyrinthe des passions déjà vertigineux prend une dimension supplémentaire avec la version "française" du film, imposée par le producteur Robert de Nesle qui trouvait l'originale espagnole pas assez sexy et certainement trop expérimentale. En quelques jours de tournage, le réalisateur rajoute des scènes limite hard et détourne le scénario : Anna s'appelle désormais Annette et c'est sa sœur qui s'est donnée la mort. Le film perd pas mal en cohérence, surtout visuellement, mais se transforme miraculeusement en film de cul tout en gardant la patte de son auteur. Un cas d'école dans l'histoire tortueuse du cinéma d'exploitation dont cette édition DVD éclaire les règles : la capacité du réalisateur à s'acquitter de n'importe quelle contrainte en un temps records lui permettant en contrepartie de multiplier les projets et tenter tout ce qui lui passe par la tête.
Tant mieux au fond, si ce cinéma-là reste incompatible avec la cinéphilie classique. Ni mainstream, ni recommandable, il porte la marque des authentiques subversifs : Jess Franco est... Irrécupérable.
Les DVD :
Les copies sont très bonnes, surtout vues à l'aune d'une production dont la préservation n'a jamais été sérieusement envisagée. Ainsi, Sumuru semble bizarrement retaillé sur le bas de l'image sans qu'on puisse savoir à quel moment ce recadrage a pu arriver. Ce détail mis à part, on découvre des version très propres, respectant les photos plutôt soignées des trois films.
Côté Bonus, outre la double version du Miroir évoquée plus haut, on retrouve par deux fois l'infatigable Alain Petit qui livre quelques infos essentielles pour remettre les films dans leur contexte, éclairant au passage les rapports particuliers entre Jess Franco et ses producteurs.
Quant au supplément de Sumuru, il est confié à Jean-François Rauger à qui l'on doit l'intronisation du réalisateur à la Cinémathèque Française. Son regard sur le travail du stakhanoviste espagnol est enthousiaste et passionnant.
Une courte interview du réalisateur disparu voici presque un an ajoute un supplément d'émotion à ce brelan de DVD dont l'amateur de cinéma bis se passera difficilement.
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Le Miroir obscène : intimiste et ambitieux |
Côté Bonus, outre la double version du Miroir évoquée plus haut, on retrouve par deux fois l'infatigable Alain Petit qui livre quelques infos essentielles pour remettre les films dans leur contexte, éclairant au passage les rapports particuliers entre Jess Franco et ses producteurs.
Quant au supplément de Sumuru, il est confié à Jean-François Rauger à qui l'on doit l'intronisation du réalisateur à la Cinémathèque Française. Son regard sur le travail du stakhanoviste espagnol est enthousiaste et passionnant.
Une courte interview du réalisateur disparu voici presque un an ajoute un supplément d'émotion à ce brelan de DVD dont l'amateur de cinéma bis se passera difficilement.
vendredi 3 janvier 2014
Lumière des ténèbres
Dans la galaxie des fanzines, Darkness, dirigé par Christophe Triollet, se situe résolument à part. Chaque numéro se construit à partir d'un ou deux dossiers très denses consacrés aux questions de censure, d'interdits, d'obscénité et autres déviances cinématographiques.
Pour autant, le but n'est pas de choquer ou de racoler les amateurs de cinéma extrême mais bien de réfléchir en profondeur aux limites aussi bien légales que morales qui peuvent concerner le cinéma. Juristes, universitaires, journalistes professionnels et autres spécialistes de tous poils font de Darkness une somme qui pourrait en rebuter certains mais, heureusement, il y a Christophe Bier...
Le numéro 14 est disponible chez Sin'Art, le communiqué de presse annonce clairement la couleur :
"Qu'est-ce que le cinéma obscène ?
Dans les années 30, le code de production américain interdisait les baisers « excessifs ou
lascifs » qualifiés d'obscènes par une élite bien-pensante. Mais l'obscénité se rapporte-t-elle
exclusivement à la sexualité et à sa représentation ? Quelles différences existe-t-il entre
l'obscénité et la pornographie, l'indécence et l'érotisme ? L'obscénité ajoute-t-elle
nécessairement l'atteinte à la dignité humaine à celle infligée à la pudeur par le législateur ou
bien constitue-t-elle simplement l'alibi moral de ce qui ne doit pas être rendu accessible au
plus grand nombre ?
Si tout écart par rapport au modèle de sexualité normée demeure une perversion aux yeux de
notre société, la liste des interdits est souvent bien différente ailleurs dans le monde. Ainsi au
Japon, le bondage, le sadisme et certaines pratiques extrêmes y sont admis alors que dans le
même temps l'image de la pilosité est soigneusement évitée.
Le 14ème numéro de Darkness Fanzine vous propose d'explorer certains des sujets les plus
controversés sur grand écran mais aussi de voyager à travers l'histoire de la réglementation
du cinéma et de la télévision aux États-Unis.
Sur plus de 150 pages, Agnès Giard (Libération.fr), Chloé Delaporte (Université Sorbonne
Nouvelle), Albert Montagne (Histoire juridique des interdits cinématographiques en France),
Benjamin Campion (Libération.fr), Alain Brassart (Université de Lille III), Christophe Bier
(Dictionnaire des longs métrages français pornographiques et érotiques en 16 et 35 mm),
Isabelle Labrouillère (École supérieure d'audiovisuel de l'Université de Toulouse II), Alan
Deprez (Lui.fr) et sept autres auteurs ont apporté leur contribution à ce numéro exceptionnel."
Dans les années 30, le code de production américain interdisait les baisers « excessifs ou
lascifs » qualifiés d'obscènes par une élite bien-pensante. Mais l'obscénité se rapporte-t-elle
exclusivement à la sexualité et à sa représentation ? Quelles différences existe-t-il entre
l'obscénité et la pornographie, l'indécence et l'érotisme ? L'obscénité ajoute-t-elle
nécessairement l'atteinte à la dignité humaine à celle infligée à la pudeur par le législateur ou
bien constitue-t-elle simplement l'alibi moral de ce qui ne doit pas être rendu accessible au
plus grand nombre ?
Si tout écart par rapport au modèle de sexualité normée demeure une perversion aux yeux de
notre société, la liste des interdits est souvent bien différente ailleurs dans le monde. Ainsi au
Japon, le bondage, le sadisme et certaines pratiques extrêmes y sont admis alors que dans le
même temps l'image de la pilosité est soigneusement évitée.
Le 14ème numéro de Darkness Fanzine vous propose d'explorer certains des sujets les plus
controversés sur grand écran mais aussi de voyager à travers l'histoire de la réglementation
du cinéma et de la télévision aux États-Unis.
Sur plus de 150 pages, Agnès Giard (Libération.fr), Chloé Delaporte (Université Sorbonne
Nouvelle), Albert Montagne (Histoire juridique des interdits cinématographiques en France),
Benjamin Campion (Libération.fr), Alain Brassart (Université de Lille III), Christophe Bier
(Dictionnaire des longs métrages français pornographiques et érotiques en 16 et 35 mm),
Isabelle Labrouillère (École supérieure d'audiovisuel de l'Université de Toulouse II), Alan
Deprez (Lui.fr) et sept autres auteurs ont apporté leur contribution à ce numéro exceptionnel."
mardi 17 décembre 2013
TORSO, DON et nous
Réunis un peu par hasard à l'occasion du plus foireux des festivals de cinéma du monde, TORSO et Peeping Tom ont entretenus depuis de solides liens amicaux et néanmoins productifs.
Et même si ce n'était pas le cas, comment passer sous silence la sortie de leur numéro 10, consacré en grande partie à Don Coscarelli, réalisateur du quadrilatère sphérique Phantasm et du film préféré des vieux rockers egyptophiles : Bubba Ho-tep.
Si vous voulez savoir tout le bien que j'en pense, allez donc écouter la chronique diffusée ce mois-ci sur RGO, en attendant que l'onglet "Chronique Radio" de ce blog soit mis à jour (ce qui finira forcément par arriver un jour...)
lundi 9 décembre 2013
Objectif Cannes
Après une belle rencontre avec Dario Argento l'année dernière, Peeping Tom retourne dans la ville du cinéma, invité par les Rencontres Cinématographiques de Cannes dont le thème est cette année "le Secret".
Pour illustrer le sujet, nous présentons mardi 10 décembre à 21h30,au Studio 13, Iron Sky, film de SF avec des nazis, drôle, politique, kitch et gonflé, dont Julien Camy vous a déjà parlé ici-même.
On vous y attend, nombreux et motivés, pour découvrir la face cachée de la lune...
Pour illustrer le sujet, nous présentons mardi 10 décembre à 21h30,au Studio 13, Iron Sky, film de SF avec des nazis, drôle, politique, kitch et gonflé, dont Julien Camy vous a déjà parlé ici-même.
On vous y attend, nombreux et motivés, pour découvrir la face cachée de la lune...
mercredi 20 novembre 2013
Dans l'espace, on vous entend manger du popcorn
Partons du principe que Gravity est le plus gros trip visuel grand public depuis... Star Wars.
On pourra toujours ergoter ici et là sur un scénario à tendance humano-catho, sur quelques effets et images un peu appuyées (et le foetus, tu l'as vu le foetus ?) et sur cette putain de bande son qui ravage le final, avec un morceau dont Roland Joffé n'aurait même pas voulu pour Mission... Mais là n'est pas le propos.
Ceci n'est pas une critique de film, c'est plutôt une critique de spectateur, ou une petite réflexion très subjective (mais vachement pertinente) sur ce qu'est devenu le cinéma aujourd'hui.
Donc je mets mes lunettes 3D et je pars dans l'espace sidéral et silencieux, à peine parasité par les vannes de Clooney et la country "old school" qu'il a la bonne idée d'écouter pas trop fort dans son casque. La technologie fonctionne, je flotte avec la caméra, j'y suis et je me sens prêt à jouer le jeu jusqu'au bout, si le concept d'Alfonso Cuarón tient le coup.
Et là : "Crunch".
"Crunch" c'est le bruit caractéristique du mangeur de popcorn. Un bruit qui peut éventuellement coller au film (Pour n'en citer qu'un, le Piranha 3D d'Alexandre Aja n'a-t-il pas été intelligemment conçu pour être consommé avec des popcorns ?), mais qui n'est ABSOLUMENT PAS compatible avec Gravity.
Parce que ce cinéma-là retrouve un principe, souvent oublié, mais qui est à la base même du spectacle cinématographique, depuis les fameux déplacements paniqués du spectateur devant L'arrivée d'un train en gare de la Ciotat : l'immersion.
Pour que ça marche, il faut qu'on soit dedans. Tout le concept de Gravity repose sur l'alliance de la 3D et d'une caméra flottante afin de mettre le spectateur dans l'illusion de l'apesanteur.
Et "Crunch" nous rassied fermement sur notre fauteuil.
"Crunch" nous ramène dans notre pauvre salle, nous enlève nos lunettes, et réduit l'expérience du film à une prouesse technologique un peu floue lorsqu'on la regarde sans artifice.
Je sais, des millions de spectateurs ont déjà vu Gravity et la plupart avaient du popcorn à la main ou dans leur entourage, et ça ne les a pas empêchés de décoller. Moi non plus d'ailleurs : je me suis concentré au maximum et le monsieur a fini son seau de friandises vers le milieu du film.
Mais à une époque où, avec un bon système de projection domestique, on peut recréer dans son salon les conditions d'une immersion équivalente à celle de la salle de cinéma, il est bien dommage qu'un film qui constitue une véritable étape dans l'évolution de l'expérience du spectateur soit parasité par la pratique ancestrale du "crunch".
Ce n'est certainement pas un hasard si, avant le film, une pub pour dissuader les jeunes de fumer (le genre de truc très efficace et pas du tout hypocrite) évoquait justement la "liberté de la jeunesse", en énumérant ses droits, dont celui-ci : "le droit d'aller au cinéma sans regarder le film". Propos illustré par un ado dans son fauteuil de cinéma en train de regarder l'écran de son portable.
Ben non !
Parce que si tu éclaires ton portable pendant la séance, tu m'empêches aussi de regarder le film.
Si tu veux pas regarder le film, sort de la salle et va au soleil, c'est bon pour ton acné, et laisse-moi me plonger dans le silence et l'infini sidéral : c'est bon pour ma misanthropie.
Jan Jouvert
La photo qui illustre cet article n'a rien à voir avec le film. Elle vient de cet article, qui propose une solution alternative à mes petites contrariétés de spectateur : allez bouffer votre popcorn dans l'espace !
jeudi 14 novembre 2013
Black is back
Même si les médias d'ici passent un peu à côté de la chose, le festival BLACK MOVIE de Genève fêtera ses 15 ans du 17 au 24 janvier 2014.
Un festival audacieux, qui ne trace pas de frontière entre cinéma d'auteur et film de genre et se fait remarquer avant tout par sa programmation qui n'a peur de rien, ni de personne...
On en reparle bientôt, en attendant, profitez de l'affiche :
Un festival audacieux, qui ne trace pas de frontière entre cinéma d'auteur et film de genre et se fait remarquer avant tout par sa programmation qui n'a peur de rien, ni de personne...
On en reparle bientôt, en attendant, profitez de l'affiche :
jeudi 17 octobre 2013
Retour à Genève avec Brian De Palma
L'année dernière, Les Cinéma du Grütli avaient invité Peeping Tom pour une programmation autour de Paul Schrader. Nous y retournons cette année du vendredi 25 au dimanche 27 octobre pour célébrer l'un des plus grands héritiers d'Hitchcock (mais pas seulement !) : Brian De Palma.
A travers 7 films (Phantom of the Paradise, Pulsions, Scarface, Blow Out, Body Double, L'Impasse et Le Bûcher des Vanités) nous tenterons de saisir quelques clés de l’œuvre d'un des maîtres du cinéma contemporain.
La programmation est visible ici.Rendez-vous à Genève !
mardi 1 octobre 2013
dimanche 29 septembre 2013
Héros torturés et salauds magnifiques
Trois de plus ! En septembre, nos amis d'Artus ont balancé Killer Kid, Les Colts de la violence et Bandidos dans les meilleures crèmeries. Trois westerns italiens de la période 66-67, considérée comme l'apogée du genre dans la bible de Jean-François Giré, Il était une fois le western européen, qui consacre une pleine page au Colts de la violence, mais se contente de résumer les deux autres.
Qu'il me soit permis ici d'inverser la tendance, pas tant par esprit de contradiction que par gout personnel.
Qu'il me soit permis ici d'inverser la tendance, pas tant par esprit de contradiction que par gout personnel.

Un homme revient chez lui après 12 années passées en prison pour un crime dont il est innocent. Son jeune frère, mégalomane, psychopathe, échevelé, lui a piqué sa compagne et dirige une bande de crapules sans foi ni loi avec qui il viole, tue, et s'empare de tout ce qui passe à sa portée...
Avec sa rivalité fratricide, attisée par une mère fascinée par la violence de son cadet, ses décors baroques et ses jaillissements de cruauté, le western prend des accents shakespeariens, malheureusement affaiblis par un découpage et un montage bâclés, particulièrement flagrant dans les scènes de fusillades où les armes semblent tirer un peu au hasard, où les victimes tombent sans avoir été visées, dans la confusion la plus totale.
Malgré ce bordel ambiant et quelques baisses de régimes, Les Colts de la Violence recèle pas mal d'atout, notamment la révélation de Gianni Garko dans le rôle de Sartana, le frère fou furieux, nettement plus charismatique qu'Anthonny Steffen qui tente l'attitude à la Eastwood (la bouche fermée et le regard qui tue) mais reste un peu trop lisse.
Les plus belles séquences du film sont dues aux femmes : celle de la mère décidant de descendre dans la rue arrêter le massacre, et surtout celle de la femme abandonnée par les deux frères dans le temple inca qui servait de repère aux pillards. Deux moments insolites, presque fantastiques, qui à eux seuls méritent la découverte.
Les plus belles séquences du film sont dues aux femmes : celle de la mère décidant de descendre dans la rue arrêter le massacre, et surtout celle de la femme abandonnée par les deux frères dans le temple inca qui servait de repère aux pillards. Deux moments insolites, presque fantastiques, qui à eux seuls méritent la découverte.

Ne nous y trompons pas cependant, si le film a quelques résonances avec le chef d’œuvre de Damiano Damiani, El Chuncho, le ton est ici plus léger et surtout plus binaire. La corruption et les dérapages de la révolution sont certes présents, mais ils servent avant tout d'éléments déclencheurs du scénario, qui tourne essentiellement autour de la valse hésitation de son héros.
Pour alimenter ses réflexions et son trouble : un vieux révolutionnaire rebuté par la violence, un gros mexicain partagé entre l'idéal révolutionnaire et le profit, et une femme qui jouera un rôle essentiel dans les atermoiements de celui qu'on appelle Killer Kid. C'est sur ces quatre personnages que va se jouer toute la dynamique du film, chacun d'eux étant pétri de contradictions et d'hésitations, entre l'idéal et le désir, l'altruisme et l’intérêt personnel.

Sous son apparente simplicité et malgré son ambiance lumineuse, Killer Kid développe en fait une vision plutôt pessimiste de l'humanité, entérinée par un plan final sans appel.

Sur ce schéma simple et classique, Bandidos va en fait entrecroiser les destins de personnages qui échappent à la caricature. Le jeune élève (interprété par un Terry Jenkins pas forcément plus doué que Steffen mais nettement plus sobre) garde tout au long du film une aura de mystère autour de ses véritables intentions. On a beau le sentir du bon côté de la crosse, on a l'impression qu'il peut retourner sa veste à tout instant...
Mais c'est surtout la figure de Richard Martin, qui passe du statut de tireur d'élite à celui de camelot pouilleux, qui amène au film une dimension pathétique inédite. Sa douloureuse déchéance, portée par le grand acteur italien Enrico Maria Salerno, sert de fil rouge à une intrigue ténue mais rondement menée. Et surtout magistralement réalisée.
Pas étonnant quand on sait que Massimo Dalamano est aux commandes, l'homme de Mais qu'avez-vous fait à Solange ? et La Lame infernale (sorti récemment, on vous en a parlé là), et, avant ça, chef op' sur les deux premiers westerns de Sergio Leone.
Bandidos est sa première réalisation de fiction et le moins qu'on puisse dire est qu'il maîtrise son affaire. C'est rythmé, ça respire, il n'y a pas un plan moche, et on a droit à quelques séquences grandioses. On retient un travelling à couper le souffle sur les restes d'une attaque de train qui a viré au carnage, et le superbe duel final, qui prend le contrepied des montées de tension statiques de Sergio Leone : tout en mouvement et en trompe-l’œil.
Avec son casting fellinien (on y voit une collection de trognes pas piquée des hannetons), son beau générique de début et sa partition au cordeau signée Eggisto Machi (dont c'est pourtant la seule intrusion dans le western), Bandidos fait certainement partie des trésors cachés du genre.
Un western à la fois sombre et jouissif qui mérite plusieurs visions.
Les DVD :
Rien à dire côté masters : les copies sont de très bonne qualité, ce qui est d'autant plus appréciable qu'elles bénéficient tous d'une photo très soignée.
Tous les dvd proposent version originale sous-titrée et version française d'origine,ce qui, dans le cas du western italien est loin d'être négligeable : pour cause de castings internationaux et de postsynchronisation, la version française est souvent meilleure que l'italienne. Il faut ajouter à cela l'effet nostalgique des voix françaises sur tous ceux qui ont découvert ces films à leur sortie, ce type de production ayant eu uniquement droit à la v.f..
Côté bonus, outre les impayables bandes-annonces d'époque et les diaporamas, on retrouve avec plaisir l'enthousiaste Curd Ridel qui connaît son sujet sur le bout des doigts. Il décline sur chacun des disques les carrières des réalisateurs et surtout des acteurs, n'hésitant pas à s'attarder sur certains d'entre eux plus longtemps qu'ils n'apparaissent dans le film. Ce petit côté catalogue ne va pas sans quelques répétitions et aurait supporté une ou deux coupes, mais les bonus fourmillent d'anecdotes et d’apartés amusants et instructifs sur les carrières et les vies des comédiens.
Et puis, non content de replonger dans sa collection de photo-romans tirés des films en question, Curd Ridel évoque au détour d'une bio l'actrice Nadia Cassini, qui s'affiche particulièrement accorte en couverture du Playboy italien.
Enfin, il convient de bien regarder le bonus des Colts de la violence jusqu'au bout pour profiter d'une petite surprise qui ravira les véritables amoureux du western italien.
Un western à la fois sombre et jouissif qui mérite plusieurs visions.
Les DVD :
Rien à dire côté masters : les copies sont de très bonne qualité, ce qui est d'autant plus appréciable qu'elles bénéficient tous d'une photo très soignée.
Tous les dvd proposent version originale sous-titrée et version française d'origine,ce qui, dans le cas du western italien est loin d'être négligeable : pour cause de castings internationaux et de postsynchronisation, la version française est souvent meilleure que l'italienne. Il faut ajouter à cela l'effet nostalgique des voix françaises sur tous ceux qui ont découvert ces films à leur sortie, ce type de production ayant eu uniquement droit à la v.f..
Côté bonus, outre les impayables bandes-annonces d'époque et les diaporamas, on retrouve avec plaisir l'enthousiaste Curd Ridel qui connaît son sujet sur le bout des doigts. Il décline sur chacun des disques les carrières des réalisateurs et surtout des acteurs, n'hésitant pas à s'attarder sur certains d'entre eux plus longtemps qu'ils n'apparaissent dans le film. Ce petit côté catalogue ne va pas sans quelques répétitions et aurait supporté une ou deux coupes, mais les bonus fourmillent d'anecdotes et d’apartés amusants et instructifs sur les carrières et les vies des comédiens.

Enfin, il convient de bien regarder le bonus des Colts de la violence jusqu'au bout pour profiter d'une petite surprise qui ravira les véritables amoureux du western italien.
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