Masks d’Andréas
Marshall

Mais « Méfiez vous des
apparences » est-il écrit comme phrase d’accroche sur la jaquette. Ah
nous voilà prévenu. Ce film allemand d’horreur se découvre donc au fur et à
mesure comme un véritable giallo, un genre historiquement incarné par les cinéastes
italiens. Né dans les années 70, celui-ci a des codes bien spécifiques avec son
tueur pervers et mystérieux, habillé de noir, portant des gants... et traînant
souvent avec lui des traumatismes qui remontent à l’enfance. Il y a tout ça
dans Masks avec en plus un hommage à
Dario Argento. En effet, comment ne pas voir dans Stella, belle jeune fille
intégrant une école d'acteurs privée, la jeune Suzy arrivant dans une académie
de danse dans le Suspira d’Argento. Tout au long du film on reconnaît la
lumière rouge baignant le visage de l’héroïne, les couloirs inquiétants,
les paroles chuchotées s’échappant des portes laissées entrouvertes ou de
derrière ses rideaux.
Mais la différence c’est que Suspiria
n’était pas un giallo mais un film d’horreur fantastique avec ses sorcières.
Ici donc, pas de sorcellerie mais des méthodes barbares de théâtre. L’école où
atterrît Stella a un passé sulfureux : dans les années 70, le professeur
de théâtre Matteusz Gdula y pratiquait une méthode violente et perverse. La mort
de plusieurs étudiants et le suicide de Gdula avaient d’ailleurs imposé
l’interdiction de celle-ci. Mais a-t-elle vraiment disparu ?
Ratant une audition dans une prestigieuse académie, Stella est donc dirigée
vers cette école où, dès ses premiers pas, elle tombe nez à nez avec une jeune
femme qui semble s’en enfuir. Mal accueillie par les étudiants, elle cherche à
faire sa place et découvre que des cours particuliers, très secrets, sont
donnés derrière une porte toujours fermée. Tiens tiens… Son désir de devenir
une formidable actrice sera plus fort que le danger et engagera alors le film
dans une variation faustienne. Stella ira-t-elle jusqu’à pactiser avec le
diable et boire le sang de ses concurrentes pour réussir ?

Ainsi, l’auteur réalise un giallo dans les règles de
l’art, n’hésitant pas à faire dans le sanguinolent et à jouer de la perversité
de ces meurtres, tous très silencieux au bout d’une longue et fine épée.
L’horreur en est décuplée. Des meurtres qui ne traînent pas en longueur
d’ailleurs et c’est une bonne chose. Andréas Marshall ne veut peut pas mettre
les spectateurs en position de voyeur/pervers devant ces scènes de violence
mais désire, par contre, montrer la perversité du tueur. C’est l’essentiel et
encore une fois, nous sommes bien loin des références à la série Saw que l’on peut lire sur cette
jaquette. Là aussi méfions nous donc des apparences. Sinon, il y a bien
quelques petits passages ringards de mise en scène avec ces montages
épileptiques d’images subliminales lorsque Stella vit des moments d’intenses
introspection-droguées. On peut aussi très bien considérer que cela fait partie
du décorum et cela ne dénote donc pas.
Alors sans le génie de la mise en scène d’un Argento mais
avec un certain savoir-faire, de l’humilité aussi, Marshall, comme un bon
artisan, réussit à mouler un intéressant Masks,
giallo allemand contemporain.
Julien Camy
Masks De Andréas Marschall, avec Susen Ermich et Peter Donath
Editeur Filmedia (Blu-ray et DVD)
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