vendredi 31 juillet 2009

Premier Hellman

"Lorsque je suis invité dans un festival, ils se sentent toujours obligés de faire une intégrale. Mais qui a envie aujourd'hui de revoir La bête de la caverne hantée ? Pas moi en tous cas..."
Ces paroles de Monte Hellman dans le documentaire que lui a consacré Paul Joyce (disponible sur le coffret DVD paru chez Carlotta) résument assez bien la qualité de la première réalisation d'Hellman sous le patronage de Roger Corman.
Bavard, manquant d'action et tout à fait ridicule dans ses pics de terreur (le yéti fait plus peur dans Tintin au Tibet !), La bête de la caverne hantée comporte tout de même un ou deux éléments intéressants. Tout d'abord un joli portrait de femme qui marche avec un gang de malfaiteurs, alcoolique, soumise au chef de la bande, mais qui prend progressivement conscience qu'elle a envie d'autre chose. Tombant amoureuse du héros (guide de montagne bellâtre dont s'inspirera Thierry Lhermitte pour Les Bronzés font du ski !*) elle passe du cynisme à l'amertume, puis de l'amertume aux joies de la vie au grand air, avec le projet de laisser la ville pour l'air vif des montagnes...
Mais surtout, un aparté un peu incongru au début du film nous montre un personnage secondaire en séance de drague. Ses propos sur l'art (voir l'extrait ci-dessous) ressemblent fort à une profession de foi d'Hellman, à destination de tout aspirant artiste !
Finalement, le dvd (édité chez les indispensables foutraques de Bach Films) vaut quand-même le coup d'œil !



*cf : interview "Corman, Hellman et moi" par Thierry Lhermitte dans le hors-série "Sport d'hivers et cinéma" de la revue Trafic

3 commentaires:

  1. Cette scène, comme l'ouverture du film, fut ajoutée par Monte Hellman après le tournage principal pour rallonger un peu son métrage, en vue d'une diffusion tv. C'est sans doute pour ça qu'elle fait un peu déplacée dans l'ensemble - j'y pense d'ailleurs, mais les deux séquences partagent un aspect réflexif sur le métier de cinéaste, sur la condition d'artiste.
    Sinon je vous trouve un peu dur sur cette bisserie, je le trouve plutôt sympa ce petit film moi, rien à voir avec les grandes réussites qui vont suivre, mais bon !

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  2. Vous me semblez connaître votre Hellman sur le boût des doigts. Merci de vos précieuses précisions.
    En ce qui concerne mon avis sur le film, à tout prendre je pense être moins sévère que le réalisateur lui-même. Mais je maintiens m'être un peu ennuyé et m'être esclaffé en découvrant la créature (principalement représentée par une ombre et quelques poils !)
    Pour les premiers pas chez Corman, j'avoue préférer ceux de Coppola ou même Jonathan Demme. Et comme vous le dîtes, ça n'a pas grand chose à voir avec la suite de la filmographie de Monte Hellman. Ni avec le fascinant parcours de Roger Corman.

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  3. Je n'ai pas vu Dementia 13 depuis un moment, mais dans ma tête c'est pas un superbe souvenir... Par contre le premier film de Bogdanovich pour Corman est génial !

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