dimanche 20 mai 2012

Frissons pop


J'ai découvert Vierges pour le bourreau, un matin, lors du très regretté Cinéma de Quartier que Jean-Pierre Dionnet animait sur Canal Plus.
Durant tout le film, je n’arrêtais pas de me répéter que c'était nul, mais, une fois le générique fini, j'ai immédiatement regretté de ne pas l'avoir enregistré. C'était la dernière diffusion...
Une dizaine d'années plus tard Artus Films sort enfin Il boia scarlatto (Le bourreau écarlate, véritable titre original du film, qui s'est appelé aussi en France Filles pour le bourreau) et, à la revoyure, le plaisir est encore plus pervers !



Le bourreau
Les vierges
Vierges pour le bourreau vient donc rejoindre les premiers titres de la collection "Chefs d’œuvres du Gothique" qui commence à sérieusement s'étoffer chez notre éditeur préféré. Si l'histoire et les décors entrent en résonance directe avec les classiques du gothique italien (Le fondateur Masque du démon, mais aussi La Vierge de Nuremberg et L'Effroyable secret du docteur Hichcock dont on va vous reparler très bientôt), le film s'apparente aussi à un genre moins officiel qu'on pourrait qualifier de "Pop crime". Car même si l'action se déroule entièrement dans un château avec ses recoins secrets, sa chambre des tortures et son fantôme moyenâgeux, on est plus proche de l'esthétique lumineuse et bariolée de L'ïle de l'épouvante, le polar sadique et aguicheur de Mario Bava. Les personnages, une équipe qui s’incruste dans un château pour y mettre en scène un roman-photo d'horreur, dégagent  un parfum de superficialité branchée, renforcé par l'érotisme extrêmement soft (des filles en bikini, on aperçoit un téton pendant une fraction de seconde) mais bien présent sur les 83 minutes du métrage. Ajoutez à ça une bande-son qui s'éloigne des standards de l'horreur pour lorgner vers un groove moelleux et vous obtenez un film d'horreur enrobé dans un sucre d'orge. Même la fameuse "vierge de nuremberg", instrument de torture fétiche du gothique transalpin, est ici repeinte d'un bleu violacé du meilleur goût...
Mais l'atout majeur du film est bien son sadisme assumé qui lui permet de développer un éventail de sévices des plus réussis. Hanté par la mémoire d'un bourreau exécuté, le château devient le théâtre de mises en scènes cruelles et/ou criminelles, qui en appellent au voyeurisme du spectateur de façon très ludique. 
Certes, les acteurs jouent n'importe comment, les personnages sont caricaturaux et les situations jamais crédibles, mais très vite on se laisse prendre au jeu du chat et des souris prises au piège. L'imagination et la cruauté de l'homme étant sans limite, la combinaison des deux donne des résultats étonnants, comme cette pièce transformée en toile d'araignée géante qui fait passer Kho-lanta pour un jardin d'enfants.
La toile...

Et puis, il y a le maître de céans, hôte malgré lui, ermite agoraphobe et nihiliste incarné par Mickey Hargitay, (culturiste célèbre dans les années 50-60, qui passa du statut de "Monsieur Univers" à celui de "monsieur Jane Mansfield") tout en muscles et en regard vide, dans un rôle taillé pour son absence de talent. 
Massimo Pupillo ne fait certainement pas partie des grands réalisateurs du cinéma de genre italien, mais Vierges pour le bourreau est, malgré tout, un des grands moments de ce cinéma qu'on disait "de quartier" et qui se pointe aujourd'hui en DVD à votre porte.

Le DVD :
...et Mickey, avec son peignoir directement taillé dans les rideaux du château
La copie 35mm, le transfert et le son sont nickels, ce qui permet de profiter à fond des corps en sueur des jeunes femmes à peine vêtues ou, selon ses goûts, de la plastique parfaite de Mickey Hargitay, moulé dans un costume de bourreau rouge vif particulièrement seyant.
En bonus, Alain Petit, créateur du fanzine mythique Le Masque de la Méduse et spécialiste (entre autres) du cinéma de genre italien, apporte ses lumières sur le film, installé devant sa collection de DVD. Mais lui, il est tout habillé...



En même temps que Vierges pour le bourreau, Artus Films sort donc L'Effroyable secret du docteur Hichcock de Riccardo Freda et L'Orgie des vampires de Renato Polselli. A suivre donc...

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